Lire et comprendre un article scientifique

Lire et comprendre un article scientifique

Mis à jour le 28 septembre 2022

Un article Lire et comprendre un article scientifique, de Marie-Jo Brennstuhl, publié dans le cadre de notre dossier Comprendre les recherches et études scientifiques.
Marie-Jo Breensthul répond dans cet article aux principales questions que nous nous posons lorsque nous souhaitons lire et comprendre un article scientifique : quels sont les éléments clefs à repérer ? quel est le niveau de validité scientifique de l’article ? et vous aide ainsi à comprendre la méthodologie et à comprendre les données statistiques.

Les éléments clés à repérer

  • Le titre, les auteurs, la revue, la date de publication
  • Les mots-clés (ou keywords)
  • Le résumé (ou abstract)

Les éléments clefs : le résumé

  • Le thème : quel est l’objectif de la recherche ?
  • La méthodologie : comment ont-ils procédés ?
  • Les résultats : qu’est ce que ça nous apporte ?

La méthodologie

Comprendre la Méthodologie

  • Matériel et population
  • Critère de jugement (élément évalué)
  • Niveau de validité scientifique

La HAS propose le tableau suivant (1) : Lire et comprendre un article scientifique

Dans ce tableau de la HAS, les recommandations proposées sont classées en grade A, B ou C selon les modalités suivantes :

  • une recommandation de grade A est fondée sur une preuve scientifique établie par des études de fort niveau de preuve : PAR EXEMPLE, essais comparatifs randomisés de forte puissance et sans biais majeur, méta-analyse d’essais contrôlés randomisés, analyse de décision fondée sur des études bien menées ;
  • une recommandation de grade B est fondée sur une présomption scientifique fournie par des études de niveau intermédiaire de preuve : PAR EXEMPLE, essais comparatifs randomisés de faible puissance, études comparatives non randomisées bien menées, études de cohortes
  • une recommandation de grade C est fondée sur des études de moindre niveau de preuve : PAR EXEMPLE, études cas-témoin, séries de cas.

Essai comparatif randomisé

  • Gold standard des essais clinique
  • Utilisé particulièrement en médecine
  • Utilisé en psychologie // DSM
  • Sujets répartis aléatoirement (randomisation)
  • Caractéristiques identiques dans les différents groupes
  • Comparabilité
  • Evite les biais de sélection : répartition homogène
  • Sujets répartis en aveugle dans les groupes
  • Seule variable différente dans les groupes : le traitement
  • Possible utilisation du placebo ou groupe contrôle

Différents plans d’étude sont possibles :

  • Groupe parallèles (A et A en même temps)
  • Crossover (A puis B, B puis A)
  • Cluster (grappe) (randomisation de groupe ou entité sociale)
  • Waiting-List (liste d’attente de traitement)

Méta-analyse

Les principales caractéristiques d’une méta-analyse sont les suivantes :

  • Combinaison de résultats
  • Analyse de plusieurs publications / études
  • Conclusion globale sur un problème donné
  • (Différent d’une revue de littérature)

Matériel et Population : Design de l’étude

  • Caractéristiques de population
  • Groupes étudiés
  • Type de randomisation
  • Critères d’évaluation (échelles utilisées…)

Critères de jugement

  • Hypothèses d’évaluation et de résultats
  • Critère de jugement unique = meilleure validité scientifique

Les résultats

Comprendre les Résultats

  • Identifier les tests statistiques utilisés
  • Identifier la significativité des résultats
  • Comprendre la signification des résultats

Identifier les tests statistiques utilisés

Statistiques descriptives

  • Moyenne, médiane, écart-type, fréquences …
  • Descriptif de population
  • Résultats d’évaluation (échelles…)

Corrélation

  • Deux variables numériques
  • Intensité d’une liaison entre deux variables
  • Pas de lien de causalité
  • Regression : lien de causalité

Test du Khi-deux – χ²

  • Variables nominales et / ou dichotomiques
  • Interdépendance entre deux variables
  • Adéquation de données à une hypothèse : écart entre ce que l’on est supposé trouver (effectif théorique) et ce que l’on trouve réellement (effectif observé)

T de student

  • Variable nominale et numérique
  • Comparaison de deux moyennes
  • Ecart entre la distribution normale et les résultats

ANOVA à un facteur ou mesures répétées

  • Variables nominales et numériques
  • Analyse de la variance
  • Etudie le comportement d’une variable continue en fonction d’un ou plusieurs facteurs de variabilité

Odds Ratio (OR)
L’Odds Ratio (Ord), appelé également « Rapport des cotes », exprime le degré de dépendance entre des variables. Il permet de mesurer l’effet d’un facteur
L’effet de Taille
Il s’agit de la force de l’effet sur une variable. S’il est autour de 0.3, on le considère faible, autour de 0.5, il est moyen, autour de 0.7, il est fort. Il fournit un indice quantitatif de la force d’une relation. Il n’est pas une statistique inférentielle : ne permet pas de conclure sur la relation observée existe dans la réalité (comme la significativité (valeur de p))

Identifier la significativité des résultats

  • Signification statistique
    Habituellement de 0.05* ou 0.01**
    Noté : p<.01 / p<.05
  • Le résultat obtenu ne constitue pas un simple hasard
    Le résultat peut donc s’appliquer à la population générale représentée dans l’étude
    p<.05 : le résultat observé à moins de 5% de chances d’être obtenu au hasard !
    p<.01 : – 1% de chance d’être obtenu au hasard !

Comprendre la signification des résultats

  • Les résultats doivent être discutés
  • Vérifier la pertinence et validité du design de l’étude
  • Vérifier la pertinence et validité des références

Exemple

Prenons comme exemple la recherche suivante :Prolonged exposure vs eye movement desensitization and reprocessing vs waiting list for posttraumatic stress disorder in patients with a psychotic disorder: a randomized clinic al trial, publiée dans JAMA Psychiatry, en mars 2015, réalisée par van den Berg DP, de Bont PA, van der Vleugel BM, de Roos C, de Jongh A, Van Minnen A, et van der Gaag M.

IMPORTANCE: The efficacy of posttraumatic stress disorder (PTSD) treatments in psychosis has not been examined in a randomized clinical trial to our knowledge. Psychosis is an exclusion criterion in most PTSD trials.

OBJECTIVE: To examine the efficacy and safety of prolonged exposure (PE) therapy and eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) therapy in patients with psychotic disorders and comorbid PTSD.

DESIGN, SETTING, AND PARTICIPANTS: A single-blind randomized clinical trial with 3 arms (N = 155), including PE therapy, EMDR therapy, and waiting list (WL) of 13 outpatient mental health services among patients with a lifetime psychotic disorder and current chronic PTSD. Baseline, posttreatment, and 6-month follow-up assessments were made.

INTERVENTIONS : Participants were randomized to receive 8 weekly 90-minute sessions of PE (n = 53), EMDR (n = 55), or WL (n = 47). Standard protocols were used, and treatment was not preceded by stabilizing psychotherapeutic interventions.

MAIN OUTCOMES AND MEASURES: : Clinician-rated severity of PTSD symptoms, PTSD diagnosis, and full remission (on the Clinician-Administered PTSD Scale) were primary outcomes. Self-reported PTSD symptoms and posttraumatic cognitions were secondary outcomes.

RESULTS : Data were analyzed as intent to treat with linear mixed models and generalized estimating equations. Participants in the PE and EMDR conditions showed a greater reduction of PTSD symptoms than those in the WL condition. Between-group effect sizes were 0.78 (P < .001) in PE and 0.65 (P = .001) in EMDR. Participants in the PE condition (56.6%; odds ratio [OR], 3.41; P = .006) or the EMDR condition (60.0%; OR, 3.92; P < .001) were significantly more likely to achieve loss of diagnosis during treatment than those in the WL condition (27.7%). Participants in the PE condition (28.3%; OR, 5.79; P = .01), but not those in the EMDR condition (16.4%; OR, 2.87; P = .10), were more likely to gain full remission than those in the WL condition (6.4%). Treatment effects were maintained at the 6-month follow-up in PE and EMDR. Similar results were obtained regarding secondary outcomes. There were no differences in severe adverse events between conditions (2 in PE, 1 in EMDR, and 4 in WL). The PE therapy and EMDR therapy showed no difference in any of the outcomes and no difference in participant dropout (24.5% in PE and 20.0% in EMDR, P = .57).

CONCLUSIONS AND RELEVANCE : Standard PE and EMDR protocols are effective, safe, and feasible in patients with PTSD and severe psychotic disorders, including current symptoms. A priori exclusion of individuals with psychosis from evidence-based PTSD treatments may not be justifiable.

TRIAL REGISTRATION : isrctn.com Identifier: ISRCTN79584912.

Analyse rapide du résumé

Le titre est très bien construit : on y retrouve tous les éléments essentiels

  • Design de l’étude : Exposition vs EMDR vs liste d’attente / étude clinique randomisée
  • Critère de jugement : syndrome ESPT
  • Population : patients psychotiques et ESPT

Design est très bien expliqué : on y retrouve tous les éléments essentiels

  • Randomisation aléatoire en simple aveugle
  • Randomisation en grappes : 3 bras (total n=155) dans 13 services de santé mentale
  • 1 : Thérapie par exposition (n=53) / 2 : Thérapie
    EMDR (n=55) / 3 : Liste d’attente (n=47)

Critère d’évaluation :

  • Syndrome ESPT
  • 3 temps d’évaluation : Avant et après intervention et suivi à 6 mois
  • Différentes mesures auto et héréto évaluations

Design d’intervention :

  • 8 sessions de 90min de thérapie (Exposition ou EMDR)
  • Protocole standard
  • Pas de stabilisation avant le traitement

RESULTATS :

  • Effet de taille 0.78 en thérapie d’exposition : effet fort de la thérapie sur les symptômes d’ESPT (et significatif p<.001)
  • Effet de taille de 0.65 en EMDR : effet moyen à fort de la thérapie sur les symptômes d’ESPT (et significatif à p=.001)
  • 56,6%, OR 3,41, p=.006 en thérapie d’exposition : 56,6% des patients de l’étude en thérapie d’exposition présentent moins de symptômes d’ESPT après traitement. Soit 3,41 fois (OR) plus de chances d’avoir ce résultat que dans le groupe contrôle (liste d’attente). Résultat significatif pouvant s’appliquer à la population générale représentée (p=.006).
  • 60%, OR 3,92, p<.001 en EMDR : 60% des patients de l’étude en EMDR présentent moins de symptômes d’ESPT après traitement. Soit 3,92 fois (OR) plus de chances d’avoir ce résultat que dans le groupe contrôle (liste d’attente). Résultat significatif pouvant s’appliquer à la population générale représentée (p<.001).
  • 28,3%, OR 5,79, p=.01 en thérapie d’exposition : 28,3% des patients de l’étude en thérapie d’exposition ont une rémission totale des symptômes d’ESPT après traitement. Soit 5,79 fois (OR) plus de chances d’avoir ce résultat que dans le groupe contrôle (liste d’attente). Résultat significatif pouvant s’appliquer à la population générale représentée (p=.01).
  • 16,4%, OR 2,87, p=.10 en EMDR : 16,4% des patients de l’étude en EMDR ont une rémission totale des symptômes d’ESPT après traitement. Soit 2,87 fois (OR) plus de chances d’avoir ce résultat que dans le groupe contrôle (liste d’attente). Résultat NON significatif ne pouvant PAS s’appliquer à la population générale représentée (p=.10).
  • Les résultats sont maintenus à 6mois.
  • On ne retrouve aucune différence d’efficacité entre la thérapie d’Exposition et la thérapie EMDR : l’une n’est pas plus efficace que l’autre, elles le sont toutes les deux sur les symptômes d’ESPT chez les patients psychotiques.

Sources

(1) HAS – Niveau de preuve et gradation des recommandations de bonne pratique

En savoir plus

Plusieurs liens et dossiers qui vous aideront à Mettre la main sur un article scientifique :

Enregistrer

M’inscrire Vous avez une question ?