L'approche progressive pour la thérapie EMDR de groupe pour le trauma et la dissociation complexes

L’approche progressive pour la thérapie EMDR de groupe pour le trauma et la dissociation complexes

Mis à jour le 30 septembre 2022

Un article L’approche progressive pour la thérapie EMDR de groupe pour le trauma et la dissociation complexes : une étude de cas-contrôle a été publié sous le titre The Progressive Approach to EMDR Group Therapy for Complex Trauma and Dissociation: A Case-Control Study, de A. Gonzalez-Vazquez, L. Rodriguez-Lago, M. T. Seoane-Pillado, I. Fernández, F. García-Guerrero et M. A. Santed-Germán.

Extraits traduits en français :

L’EMDR est une approche psychothérapeutique reconnue pour son efficacité dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique (TSPT), utilisé et étudié dans le cadre d’autres diagnostics psychiatriques basés en partie sur des expériences de vie négatives et traumatisantes. Néanmoins, il n’y a pas suffisamment de preuves empiriques actuellement pour soutenir son utilité dans un diagnostic autre que le TSPT. Il est communément admis que l’utilisation de l’EMDR chez des patients gravement traumatisés nécessite une phase de stabilisation prolongée. Certains auteurs ont proposé d’intégrer à la fois la théorie de la dissociation structurelle de la personnalité et le modèle adaptatif du traitement de l’information guidant la thérapie EMDR. L’une de ces propositions est l’approche progressive. Certaines de ces procédures EMDR seront évaluées dans un format de thérapie de groupe, en les intégrant à la régulation émotionnelle, à la dissociation et aux interventions psychopédagogiques centrées sur les traumatismes. Les patients présentant des antécédents de traumatismes graves, principalement des traumatismes précoces et interpersonnels précoces, associés à d’autres événements traumatisants significatifs à l’âge adulte ont été inclus dans l’étude. Afin de discriminer l’effet spécifique des procédures EMDR, deux types de groupes ont été comparés: TAU (traitement habituel: intervention psychoéducative uniquement) versus TAU + EMDR (même intervention psychoéducative et procédures spécifiques EMDR). Dans la comparaison pré et post-test, plus de variables ont présenté des changements positifs dans le groupe TAU+EMDR, y compris les procédures EMDR. Dans le groupe TAU + EMDR, 4 des 5 variables mesurées ont présenté des changements significatifs et positifs: santé générale (QSG), satisfaction générale (Schwartz), bien-être subjectif et évaluation de l’utilité de la séance de thérapie. Au contraire, seulement 2 des 5 variables dans le groupe TAU ont montré des changements statistiquement significatifs: la santé générale (GHQ), et la satisfaction générale (Schwartz). Concernant la comparaison inter-groupe post-test, l’amélioration du bien-être subjectif était liée à l’appartenance au groupe qui incluait les procédures EMDR, les différences entre les groupes TAU et TAU ​​+ EMDR étant statistiquement significatives [χ2 (1) = 14.226; p <0,0001]. Dans le groupe TAU + EMDR, aucun patient n’a empiré ou a manqué d’amélioration; 100% ont connu une certaine amélioration. Dans le groupe TAU, 70,6% ont mentionné une certaine amélioration, et 29,4% ont dit avoir empiré ou ne pas s’améliorer.
 
(…) 
Introduction
 

De nos jours, la thérapie EMDR (Shapiro, 1989, 2001) est l’un des principaux traitements de choix pour le trouble de stress post-traumatique (TSPT), comme l’ont démontré des méta-analyses récentes (Bisson et al., 2013). La stimulation bilatérale (SBA) – caractérisée par des mouvements oculaires saccadés, tactiles (tapotements) ou auditifs – est une composante spécifique de ce type de psychothérapie et contribue activement à son efficacité thérapeutique (Lee et Cuijpers, 2013).
L’EMDR est une approche thérapeutique structurée en huit phases. La phase 1 comprend la conceptualisation de cas et le développement d’un plan de traitement thérapeutique. La phase 2 consiste à stabiliser le patient et à se préparer au travail sur les traumatismes. Les phases 3 à 8 se concentrent sur l’accès et le traitement des souvenirs traumatiques qui sont au cœur des problèmes présentés. Le traitement couvre les événements passés, les déclencheurs présents et les scénarios du futur.
L’utilisation de l’EMDR chez des patients gravement traumatisés présentant des traumatismes complexes et des troubles dissociatifs nécessite une évaluation spécifique en phase 1 et une phase de stabilisation prolongée. Différents groupes internationaux soutiennent ce modèle par phases (Société internationale pour l’étude du traumatisme et la dissociation [ISSTD], 2011, Cloitre et al., 2012), mais un débat important a lieu au sein de la communauté scientifique sur la nécessité de  telles procédures comme le développement et l’installation des ressources, la formation sur la régulation émotionnelle, ou le travail avec le système interne de parties dissociatives (Jongh et al., 2016).
Différents auteurs ont proposé d’adapter la procédure standard EMDR pour le traitement de ces patients sévèrement traumatisés qui font partie des catégories de trauma complexes et de troubles dissociatifs (Forgash et Copeley, 2008, Paulsen, 2009, Gonzalez et Mosquera, 2012). Une revue récente de ces adaptations basées sur la théorie de la dissociation structurelle de la personnalité a été proposée par Van der Hart et al. (2010, 2014a, b). Néanmoins, ce domaine d’étude manque de recherche systématique sur l’utilisation de ces protocoles EMDR. L’une des propositions est l’approche progressive (Gonzalez et Mosquera, 2012), caractérisée par l’approche progressive des contenus traumatiques. Spécifiquement dans la phase 2, le travail psychoéducatif sur la compréhension de l’impact général de l’attachement précoce et du traumatisme, les modèles pour prendre soin de soi, la régulation émotionnelle et la fragmentation de la personnalité, est combiné avec des protocoles incluant des SBA. Dans ces protocoles, la cible à traiter n’est pas une mémoire; Au lieu de cela, le travail se concentre sur les phobies dissociatives, les difficultés à prendre soin de soi, les blocages et les petits fragments de problèmes traumatiques. Lors de ces interventions, le patient se concentre sur une image où il prend soin de soi ou une partie dissociative, tout en notant la perturbation liée à cela. Les SBA sont utilisés pour désensibiliser les émotions négatives suscitées par la cible. Les SBA sont également utilisés pour renforcer les éléments adaptatifs tels que les ressources, une manière de prendre soin de soi adéquatement, ou la co-conscience. Dans ce cas, la cible est un élément positif, et des sets de SBA plus courts sont appliqués, ce qui favorise généralement la connexion avec cette ressource et la renforce. L’hypothèse de l’approche progressive est que ce travail favorisera la régulation émotionnelle et la double attention, qui sont essentielles pour l’accès et le traitement des souvenirs traumatiques dans les Phases 3 à 8 du protocole EMDR standard.
La thérapie de groupe EMDR est une proposition de Jarero et al. (2006) et Jarero et Artigas (2010). Initialement développé pour les populations d’enfants, il a également été utilisé avec succès auprès des adultes, principalement dans le contexte de catastrophes (Jarero et Artigas, 2010, Jarero et al., 2011). Dans ces études, les patients avaient vécu le même événement, partageant ainsi une cible de traitement commune.

Dans cet article, les procédures EMDR proposées par l’Approche Progressive (Gonzalez et Mosquera, 2012) ont été testées en groupe sur des patients présentant un TSPT complexe et des antécédents de différents types de traumatismes intrafamiliaux de l’enfance et / ou d’agressions sexuelles. Les patients avaient un diagnostic clinique différent, une comorbidité fréquente et, pour beaucoup d’entre eux, une symptomatologie dissociative décelée. L’objectif principal étant de travailler sur la stabilisation, le traitement a été considéré comme faisant partie de la phase 2. Le travail traumatologique a été délibérément évité et sera abordé individuellement. Deux types de groupes ont été analysés, dont un où sont appliqués des protocoles EMDR spécifiques, tels que le développement et l’installation des ressources (RDI, Korn et Leeds, 2002), les procédures de prise en charge personnelle et le traitement des phobies et des blocages dissociatifs (Gonzalez et Mosquera, 2012). (…) 

Conclusion

L’introduction de certaines procédures EMDR spécifiques dans un cadre de thérapie de groupe pour les patients gravement traumatisés semble être sécure et positive. Ces procédures semblent offrir des avantages supplémentaires au travail psychopédagogique orienté vers les conséquences post-traumatiques, lorsqu’elles sont incluses progressivement de manière très directive et contrôlée. Cela permet au patient de tolérer la connexion avec du matériel perturbateur et d’assimiler les changements qu’il subit.

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