
Mémoire et trauma : quelles croyances chez les thérapeutes spécialisés ?
Mis à jour le 19 décembre 2025
Une étude britannique récente (Radcliffe & Patihis, 2025) interroge les croyances des professionnels de santé mentale sur des notions controversées comme le refoulement inconscient et l’amnésie dissociative. Les résultats révèlent que plus de 78 % des praticiens croient au refoulement et plus de 84 % à l’amnésie dissociative — des taux encore plus élevés chez les thérapeutes spécialisés dans le trauma, notamment les praticiens EMDR. Or, ces croyances ne font pas consensus dans la littérature scientifique sur la mémoire et pourraient favoriser l’émergence de faux souvenirs en contexte thérapeutique. Cette étude invite à une réflexion sur l’articulation entre pratique clinique et données probantes, et souligne l’importance de former les professionnels aux connaissances actuelles sur le fonctionnement de la mémoire autobiographique.
Article publié en anglais – accès libre en ligne
Résumé
Cette étude a exploré les croyances des professionnels de la santé mentale au Royaume-Uni (N = 178) concernant la fonction de la mémoire autobiographique dans le contexte de résultats thérapeutiques défavorables, par exemple les faux souvenirs.
Elle recueille des données inédites sur les croyances controversées en matière de mémoire concernant le refoulement inconscient, l’amnésie dissociative et le trouble dissociatif de l’identité (TDI).
Les participants à l’étude étaient des professionnels de la santé mentale, dont des praticiens non spécialisés dans les traumatismes (n = 92), des praticiens EMDR spécialisés dans les traumatismes (n = 62) et des praticiens (non EMDR) spécialisés dans les traumatismes (n = 24).
La plupart des participants à l’étude ont indiqué croire dans une certaine mesure au refoulement inconscient (> 78 %) et à l’amnésie dissociative (> 84 %).
Les praticiens EMDR et autres praticiens spécialisés dans les traumatismes ont montré un accord élevé sur les notions controversées relatives à la mémoire.
Le groupe de praticiens EMDR a également montré une plus grande croyance dans la validité diagnostique du TDI.
De nouvelles données sur les croyances des professionnels de la santé mentale concernant l’étiologie des crises psychogènes non épileptiques (CPNE) ont également été recueillies.
La plupart des participants à l’étude étaient « plutôt d’accord » ou « d’accord » avec l’affirmation selon laquelle les souvenirs traumatiques « refoulés » sont causalement liés à la dissociation et aux symptômes physiques, par exemple les CPNE (> 78 %) ; les praticiens EMDR ont montré le plus haut degré d’accord (91 %).
L’impact des croyances relatives à la mémoire, parallèlement à la théorie et à la pratique de l’EMDR, est examiné dans le contexte des résultats thérapeutiques indésirables, par exemple les souvenirs faux ou non vécus.
Des recommandations sont formulées pour les recherches futures afin d’atténuer les effets indésirables sur la santé.
En savoir plus
Références de l’article Mémoire et trauma : quelles croyances chez les thérapeutes spécialisés ? :
- auteurs : Radcliffe, Pamela J., and Lawrence Patihis.
- titre en anglais : « In a UK sample, EMDR and other trauma therapists indicate beliefs in unconscious repression and dissociative amnesia. »
- publié dans : Memory 33.5 (2025): 542-565.
Aller plus loin
Formation(s) : Formation initiale en EMDR



