Approches basées sur la parole pour soutenir les personnes qui sont en détresse à cause de leur expérience d'entendre des voix

Approches basées sur la parole pour soutenir les personnes qui sont en détresse à cause de leur expérience d’entendre des voix

Mis à jour le 29 décembre 2023

Une étude exploratoire de Burr, C., Schnackenberg, J. K. et Weidner, F., publié dans Frontiers 

Article publié en anglais – accès libre en ligne

Résumé


Contexte 

Les effets positifs des médicaments antipsychotiques et de la thérapie cognitivo-comportementale dans la psychose (TCCP) sur les personnes angoissées par le fait d’entendre des voix restent limités. Par conséquent, les approches individuelles basées sur la parole ont connu un essor récent. Nombre d’entre elles ne sont pas encore très bien connues ni mises en œuvre dans la pratique. Certaines de ces approches peuvent se concentrer davantage sur la compréhension et le traitement constructif des voix, un élément qui a été identifié comme potentiellement utile par les personnes qui entendent des voix. Les obstacles actuels à une mise en œuvre plus large comprennent à la fois la pathologisation généralisée de l’audition des voix et le manque de professionnels de la santé mentale qui ont été formés et auxquels on fait confiance pour mener à bien ces nouvelles interventions.

Méthodes 

Cette étude exploratoire visait à identifier et à décrire une synthèse actuelle des approches individuelles basées sur la parole pour les personnes qui entendent des voix, y compris les études indépendamment de la méthode d’étude ou de l’approche, du diagnostic des personnes qui entendent des voix et de l’expérience professionnelle des intervenants.

Résultats 

Neuf approches différentes basées sur la parole ont été identifiées. Celles-ci comprennent (1) la thérapie cognitivo-comportementale pour la psychose (CBTp) ; (2) la thérapie AVATAR ; (3) Making Sense of Voices (MsV) aka Experience Focused Counselling (EFC) ; (4) Relating Therapy ; (5) Acceptance and Commitment Therapy ; (6) Intervention axée sur l’adaptation au moyen d’un smartphone ; (7) Thérapie d’exposition prolongée et en réalité virtuelle ; (8) Désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires, et (9) Programme individuel de pleine conscience pour l’audition des voix.

Les différentes approches diffèrent grandement en ce qui concerne le nombre de séances, la durée de la thérapie et les preuves scientifiques de son efficacité. 

Les psychologues représentaient le principal groupe professionnel d’intervenants. La TCCp et l’approche MsV/EFC incluaient également des professionnels de la santé, comme des infirmières, en tant qu’exécutants. 

La plupart des approches ont montré des résultats positifs en ce qui concerne les niveaux de détresse liés à la voix. Aucune n’a identifié de détérioration globale ou spécifique à la voix.

Conclusion 

La mise en œuvre d’une plus grande hétérogénéité d’approches dans la pratique semble s’imposer. Cela serait également conforme aux recommandations pour des services axés sur le rétablissement et aux exigences des personnes qui entendent la voix. En mettant davantage l’accent sur la mise en œuvre de systèmes complets et donc sur l’implication du personnel de première ligne, comme les infirmières, dans la mise en œuvre de ces approches, on réduirait probablement l’écart entre la recherche et la mise en œuvre pratique. (…)

Approches axées sur l’audition de la voix

Désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires

Une étude sur l’EMDR [39] a été identifiée. Il s’agit d’une étude d’intervention portant sur 36 participants souffrant d’hallucinations auditives et chez qui on avait principalement diagnostiqué un trouble psychotique. Un modèle intra-sujet a été utilisé pour examiner deux approches EMDR différentes (taxation visuelle et auditive) par rapport à une intervention de contrôle. Le protocole EMDR mis au point pour le syndrome de stress post-traumatique a été utilisé pour les personnes souffrant de troubles de l’audition, car il a été avancé que les souvenirs émotionnels négatifs jouent un rôle similaire dans les intrusions du syndrome de stress post-traumatique et de l’audition. L’objectif de l’EMDR a été décrit comme étant de diminuer l’émotivité des souvenirs auditifs des hallucinations auditives. Dans le cadre de l’intervention, les participants effectuent alternativement deux tâches – rappel émotionnel ou souvenir de voix et exécution de mouvements oculaires (taxation visuelle, VT) ou comptage à haute voix (taxation auditive, AT). L’EMDR suppose qu’elle utilise la capacité limitée de la mémoire de travail. En bougeant simultanément les yeux (VT) ou en comptant (AT) tout en gardant une voix émotionnelle en mémoire, l’émotionnalité diminue. Aucune information n’a été fournie sur le niveau de qualification, de formation et de supervision des intervenants. Tous les participants ont participé à une session au cours de laquelle les deux approches différentes ainsi que l’intervention de contrôle ont été alternées 2 fois pendant 5 minutes. La détresse auditive a été mesurée par une brève évaluation subjective du degré d’inconfort (unités subjectives de perturbation, SUD) par rapport au souvenir de l’audition de la voix. Cette évaluation a été faite par les participants à l’étude avant et après chaque séquence d’approche. Les résultats ont montré que la mise en œuvre combinée des deux approches (VT & AT) était significativement supérieure au contrôle.

En savoir plus 

Références de l’article Approches basées sur la parole pour soutenir les personnes qui sont en détresse à cause de leur expérience d’entendre des voix :

  • auteurs : Burr, C., Schnackenberg, J. K. et Weidner, F.
  • titre en anglais : Talk-based approaches to support people who are distressed by their experience of hearing voices : A scoping review
  • publié dans : Front Psychiatry, 13, 983999. 
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