Collaborer avec des interprètes : lignes directives pour les psychologues

Collaborer avec des interprètes : lignes directives pour les psychologues

Mis à jour le 28 mars 2022

Collaborer avec des interprètes : lignes directives pour les psychologues , un guide de la Société britannique de psychologie, qui fournit des informations à l’intention des psychologues qui sont appelés à collaborer avec des interprètes.
 
Les sujets abordés comprennent la préparation avant la consultation, des considérations pratiques, des lignes directrices pendant et après la consultation elle-même et l’interprétation téléphonique.
 
Bien que certaines des informations contenues dans ce document puissent être spécifiques au Royaume-Uni, les recommandations générales concernant la collaboration avec des interprètes sont tout aussi applicables par les professionnels travaillant en France.
 

Extraits  

 
Il existe des preuves claires de la valeur de la thérapie psychologique pour les personnes qui ne maîtrisent pas la langue du pays. qui ne parlent pas couramment la langue du pays dans lequel ils vivent. Les recherches menées auprès des réfugiés qui qui ont subi un traumatisme indiquent que le résultat d’une psychothérapie médiatisée par un interprète expérimenté et professionnel est égal à celui entrepris avec une communication directe 2, 3. D’autre part, de nombreuses études dans le domaine de la santé montrent que la qualité des soins peut être affectée négativement lorsque des utilisateurs de services maîtrisant peu la langue du pays d’accueil ont besoin d’interprètes, mais n’en bénéficient pas 4, 5.

Recommandations clés pour la pratique  

 
Les psychologues devraient :

  • Envisager d’entreprendre une analyse des besoins linguistiques et réfléchir à la meilleure façon de répondre aux besoins identifiés.
  • Envisager de se former sur le travail avec des interprètes ou, si vous travaillez avec un interprète de manière inattendue, lire les directives et trouver du temps pour examiner les questions ou en discuter avec un collègue plus expérimenté avant votre première session avec un interprète.
  • Envisager de suivre une formation de sensibilisation aux d/Deaf1 avant de travailler avec un interprète en langue des signes agréé (ILSA).
  • Vérifier que l’interprète est qualifié et approprié pour la consultation.
  • Prévoir 10 à 15 minutes avant la séance pour informer l’interprète de l’objectif de la séance et lui permettre d’expliquer toute question culturelle pouvant avoir une incidence sur la séance.
  • Etre attentif/ve aux questions de confidentialité et de confiance, lorsque vous travaillez avec une personne issue d’une petite communauté linguistique. Le patient peut être anxieux à l’idée d’être identifiable et peut se méfier de l’interprète, et les psychologues peuvent avoir besoin d’aborder cela directement.
  • Envisager de faire correspondre le patient et l’interprète en fonction de l’âge, du sexe et de l’origine ethnique et devraient en discuter à l’avance avec les patients afin que leurs préférences puissent être prises en compte plutôt que supposées.
  • Indiquer clairement qu’ils sont les seuls à détenir la responsabilité clinique ou organisationnelle de la séance.
  • Créer une bonne atmosphère où chaque membre du groupe se sent capable de demander des éclaircissements si quelque chose n’est pas clair.
  • S’engager à établir une relation de collaboration et de travail basée sur la confiance et le respect mutuel entre toutes les parties.
  • Etre conscient.e du bien-être de l’interprète et attentif au risque de traumatisme vicariant. Réfléchissez au soutien qui lui sera offert.
  • Allouer 10 à 15 minutes à la fin de la session pour débriefer l’interprète sur la session et lui offrir un soutien et une supervision si nécessaire.
  • S’assurer que toutes les traductions écrites utilisées ont fait l’objet d’une rétro-traduction pour garantir leur adéquation.
  • Faire preuve d’une extrême prudence lorsqu’on envisage d’utiliser des mesures d’évaluation traduites.
  • En cas de recours à l’interprétation simultanée, tenir compte de la concentration supplémentaire nécessaire et prévooir des pauses régulières si possible.
  • Etre conscient.e que les réunions menées avec un interprète peuvent prendre plus de temps et tenez-en compte lors de la prise de rendez-vous.
  • Utiliser leurs positions souvent uniques dans différentes organisations pour conseiller les meilleures pratiques en matière de travail avec des interprètes.
  • Proposer un interprète dans les situations où un membre de la famille maîtrise bien le français mais pas les autres.

 

Considérations pratiques 

 
Les implications supplémentaires de l’utilisation de la communication médiatisée doivent être prises en compte avant toute rencontre avec un utilisateur de services.
 
Par exemples :

  • N’oubliez pas que la consultation peut prendre plus de temps lorsque vous travaillez avec un interprète et considérez s’il est approprié d’allouer du temps supplémentaire avant la consultation 45, 60.
  • Évitez d’utiliser un langage technique compliqué. La psychologie a ses propres abréviations et son propre langage, alors n’oubliez pas que l’interprète n’aura probablement pas suivi de formation en psychologie dans l’une ou l’autre des langues utilisées. Certains organismes médicaux et juridiques jugent utile de disposer d’un dictionnaire médical ou juridique spécialisé 45.
  • Les mots et les signes n’ont souvent pas d’équivalents précis d’une langue à l’autre, et une phrase courte en français peut nécessiter plusieurs phrases pour être expliquée dans une autre langue ou vice versa. Ne vous impatientez pas si l’interprète prend plus de temps que prévu pour interpréter 18.
  • Méfiez-vous de l’utilisation de proverbes et de dictons, qui peuvent être culturellement spécifiques et impossibles à interpréter. Si quelque chose n’a pas de sens littéral, il est généralement préférable de l’éviter. Cela dit, dans certains cas, l’utilisation d’un proverbe dans la langue de patient, ou d’un proverbe ou d’un dicton dans la langue du psychologue, peut être très puissante pour illustrer une idée. Cela nécessite toutefois une manipulation attentive, afin de s’assurer que toutes les parties ont réellement compris le sens des concepts utilisés.
  • Les praticiens doivent également être conscients qu’il peut devenir facile de se déconcentrer ou de perdre le fil de la séance lorsque le rythme devient plus lent et peut-être décousu, étant donné l’espace nécessaire à l’interprétation.
  • Comme indiqué plus haut, si le ou les patients doivent être vus pendant un certain nombre de séances, le psychologue doit essayer d’utiliser le même interprète tout au long de la séance afin d’encourager le rapport et d’établir la confiance entre le ou les patients, l’interprète et le praticien. Le processus sera ainsi plus fluide, l’anxiété de tous les participants sera contenue et les résultats seront probablement meilleurs 34, 61. La demande d’unpatient pour changer d’interprète doit être explorée dans le cadre du travail et satisfaite dans la mesure du possible. Thompson et Woolf 35 suggèrent de remettre au patient  un formulaire à la fin de la première séance de thérapie, par exemple, afin qu’il puisse confirmer s’il est satisfait de l’interprète. (Ce formulaire peut être emporté et renvoyé par la suite). La plupart des gens peuvent trouver quelqu’un pour traduire le formulaire ou comprendre un peu la langue, ce qui leur permet d’avoir leur mot à dire sur le choix de l’interprète proposé. Il est également possible d’utiliser une réunion en face à face avec le patient pour explorer ces questions en utilisant un autre interprète.

 

 
Lire l’article complet en anglais : Collaborer avec des interprètes : lignes directives pour les psychologues
 
 

Aller plus loin

 
Formation(s) :

 
Dossier(s) : EMDR avec les réfugiés
Tous les documents et conseils utiles pour aider les réfugiés ukrainiens

M’inscrire Vous avez une question ?