Face au stress post-traumatique, regarder les attentats dans les yeux

Mis à jour le 30 septembre 2022

Un article Face au stress post-traumatique, regarder les attentats dans les yeux, de Amandine Hirou, publié sur le site lexpress.fr


Reprogrammer le cerveau après un traumatisme psychologique, telle est la vocation de la thérapie EMDR. De nombreux rescapés des massacres de novembre 2015 ont tenté l’expérience. Avec profit.

Comment en finir avec ces flashs d’images sanglantes? Ne plus sursauter au moindre claquement de porte? Calmer ces palpitations dans la poitrine à la seule idée de prendre les transports en commun? Bref, comment entamer ce long processus que l’on nomme la résilience? Ces questions hantent les victimes – blessés, témoins, personnes endeuillées – des attentats de Paris et de Saint-Denis perpétrés le 13 novembre 2015.

Très vite après l’horreur, Xavier, un ingénieur de 41 ans, a senti qu’il ne tournait « pas rond ». Il refuse alors les « médicaments qui assomment », mais consulte un bataillon de psys. En vain. Le moindre détail de la vie courante le ramène à cette nuit de cauchemar: il est là, au balcon, à prendre des photos du concert des Eagles of Death Metal.
Quand tout bascule: les tirs de kalachnikovs, les spectateurs qui s’effondrent un par un, la bousculade dans l’escalier. Puis l’attente, interminable, à 30 dans un petit local de 10 mètres carrés, jusqu’à l’assaut de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) et du Raid. Enfin, la traversée de la salle jonchée de cadavres. A la sortie, l’un des amis de Xavier manque à l’appel. Il apprendra sa mort deux jours plus tard.

« Reprogrammer » le cerveau

Un officier de la police judiciaire lui parle de la psychothérapie « Eye movement desensitization and reprocessing » (EMDR), recommandée par l’OMS dans la prise en charge des états de stress post-traumatique. La méthode, qui aide à surmonter toutes sortes de traumatismes (accidents de la route, agressions sexuelles, catastrophes naturelles, etc.), consiste à « reprogrammer » le cerveau en faisant effectuer au patient des mouvements oculaires.
Découverte en 1987 par la psychologue américaine Francine Shapiro, l’EMDR a été popularisée en France quinze ans plus tard par le médecin David Servan-Schreiber. Cette approche suscite pourtant une certaine méfiance en France, championne du monde de la consommation de psychotropes et où la thérapie par l’écoute et la parole règne en maître. Depuis, la Haute Autorité de santé a reconnu son efficacité. De même que l’Inserm, s’appuyant sur les conclusions positives de deux analyses menées au sein de la Collaboration Cochrane, organisation indépendante qui regroupe l’ensemble des données scientifiquement validées.
« Le mécanisme de la méthode ne s’explique pas, indique Stéphanie Khalfa, chercheuse à l’Institut de neurosciences de la Timone, à Marseille. Mais en comparant des IRM prises avant et après des séances, nous avons notamment constaté une récupération de densité de la matière grise au niveau de l’hippocampe et du cortex préfrontal. »
Retrouver l’article complet sur le site de l’express.fr

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