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Formation EMDR à Madagascar

Mis à jour le 2 mars 2023

HAP France a organisé une formation EMDR à Madagascar. L’équipe de HAP France nous raconte en détail ce projet.


Ce projet s’effectue en plusieurs étapes :

1. Décision prise par HAP France de former des praticiens Malgaches à l’EMDR suite à des contacts entre Nirina ANDRIANJARA et Annie Gasse qui est engagée dans une mission humanitaire sur le terrain par ailleurs.

2. Préparation en amont.

Des questions cruciales se posent pour l’équipe coordinatrice dirigée par Rosane Pader puis par Emmanuelle Krystel et Josette Tardy, avec Nirina Andrianjara, comme relais auprès des psychologues et Dr Jean ANDRIAMANANAIVO comme relais avec le milieu médical et la faculté de médecine

  • quels candidats pourraient suivre cette formation ?
  • où les trouver et comment les convaincre ?
  • quelle équipe pédagogique ?
  • quelle date ?

Il nous semblait capital de passer par la Société Malgache de Psychiatrie SOMAP, et d’obtenir l’assentiment de sa présidente, par ailleurs vice-doyenne de la faculté de médecine pour que les membres puissent se former.

Après plusieurs échanges de mail et plusieurs entretiens téléphoniques avec Mme la Présidente et le Doyen de la faculté de médecine, le feu vert a été obtenu. Nous avons été invités à présenter la thérapie EMDR au congrès de la faculté de médecine en Octobre 2014 où nous avons demandé de faire un symposium EMDR.

Trois heures de présentation ont été accordées : 1 h 30 le matin et 1 h 30 l’après-midi en séance plénière. Le Dr Jean ANDRIAMANANAIVO a fait les présentations avec un médecin psychiatre malgache certifié à la thérapie EMDR qui exerce à la Réunion. L’assistance a apprécié ces présentations (théorique + jeux de rôle). Premier contact avec les internes et les médecins. Nous avons distribué des brochures parlant de HAP France, de la thérapie EMDR et du projet de formation en mai 2015.

Une fois que les inscriptions ont été ouvertes, nous avons diffusé des mails avec informations sur la thérapie EMDR. Nous avons fait rapidement le plein car les professionnels malgaches sont avides de savoirs-faire.

3. La réalisation pratique

Dans un contexte socio-politique mouvant et des conditions matérielles difficiles, nous nous sommes donnés comme objectif de créer les meilleures conditions d’apprentissage.

Il y a ce qu’on prévoit, et puis la réalisation peut être toute autre. Il a donc fallu nous adapter!

Pour la salle, nous avions prévu un plan B au cas où la salle d’Antsakaviro eut posé problème.

Même le logement de l’équipe pédagogique fût prévu en fonction de la proximité géographique de cette salle.

Or, la salle d’Antsakaviro n’était pas adaptée. Problème de sonorité, cours imprévu dans la salle à côté. Le plan B présentait quant à lui des inconvénients inattendus (travaux en cours très récemment décidés). Il a fallu trouver un plan C et louer une salle non loin du logement de l’équipe pédagogique, avec un financement à rechercher. Finalement, la SOMAP a donné l’équivalent de 150 euros, un financeur privé (association Synchronie) 150 euros et une association française, dont Dr Jean ANDRIAMANANAIVO est membre et vice-président (Trimobe) a donné 200 euros. Ainsi, le budget a été bouclé dans l’urgence mais dans le calme à quelques heures du début de la formation. Nous remercions ces associations.

Par ailleurs, Dr Jean ANDRIAMANANAIVO a essayé d’assurer du mieux possible, la sécurité et le confort de l’équipe pédagogique. Il leur a fait rencontrer aussi certaines de ses connaissances pour les aider à mieux connaître le pays et les gens.

En tant que relais, il a parfaitement réussi à créer un cadre convivial pour un bon lien entre l’équipe pédagogique et les stagiaires, condition indispensable pour un apprentissage efficace.Et, entre l’ouverture d’esprit et le grand cœur de l’équipe pédagogique d’un côté, et la douceur traditionnelle malgache de l’autre, la magie a vite opérée.

Préparation pédagogique

  • Les pré- requis : ils ont été établis en prenant appui sur les prérequis de la CAC EMDR France mais revus et corrigés pour tenir compte de la réalité du terrain à Madagascar. Dans la tradition EMDR, les professionnels retenus pour suivre la formation sont les psychologues, les psychothérapeutes et les médecins.
Particularités à Madagascar :
  • très peu de psychologues en exercice, une jeune faculté de psychologie,
  • très peu de psychothérapeutes avec absence de réglementation,
  • un nombre plus important de médecins : quelques psychiatres, des internes en psychiatrie en formation et des médecins généralistes formés à la prise en charge de la maladie mentale (D.U santé mentale)
  • l’existence de la Société Malgache de Psychiatrie qui regroupe les professionnels de la santé mentale.
  • Il est convenu de retenir les quelques psychiatres volontaires, les médecins généralistes disposant d’un DU en santé mentale, les internes en psychiatrie après la 2ième année, les psychologues, les psychologues en fin d’étude même s’ils n’ont pas validé leur master.
  • La vérification des pré -requis et la sélection des participants a été effectuée par deux des coordinatrices du projet, au fur et à mesure de l’arrivée des dossiers de candidature avec consultation ponctuelle de la formatrice pour un ou 2 dossiers.

  • L’équipe pédagogique :

Annie Gasse facilitatrice, impliquée déjà dans une association franco malgache association française agissant sur le territoire malgache, Natchatiramîne et qui connait un peu le pays, Martine Iracane formatrice, avec la participation pédagogique de Dr Jean ANDRIAMANANAIVO pour certains exercices de stabilisation.

  • La logistique : entièrement assurée par Dr Jean ANDRIAMANANAIVO sur place dans un accompagnement de proximité et multi fonctionnel dans tous les aspects qu’implique une semaine de formation à l’étranger.
  • Le profil des participants : essentiellement médical (quelques psychiatres chef de service, responsables de santé publique, institutionnels hospitaliers et internes en psychiatrie, des médecins généralistes titulaires d’un DU de santé mentale, 2 psychologues (secteur privé enfants et un psychologue universitaire)
  • Le format pédagogique élaboré sur 5 jours par le formateur et validé par les responsables de projets et l’équipe pédagogique.
            –J1 : psycho traumatologie et techniques de stabilisation ; Introduction à l’EMDR
            –J2: EMDR
            –J3 : EMDR
            –J4 : EMDR
            — J5 : rattrapage pour les absents (examens) et renforcement des contenus pour ceux qui avaient quelques difficultés à finaliser leur travail ou avaient un manque d’intégration. Certains ont participé à cette journée supplémentaire pour le plaisir !
Une douzaine de participants ont bénéficié de la dernière journée
Au total, les participants ont pu bénéficier de près de 45 h de formation soit le double du temps proposé habituellement pour un niveau 1.
NB : pour nous rapprocher de la culture malagasy, la formatrice a souhaité intégrer dans le volet stabilisation psychologique, le projet de ressource reliée à la spiritualité ; Le Dr Jean ANDRIAMANANAIVO a préparé une présentation et a animé cet exercice avec aisance et sa proposition a fait sens et résonance dans le groupe.

Vue de Tana : en haut le palais de la Reine, et en bas à gauche, le palais en construction de Haja qui nous a accueillis.

Le déroulement et l’illustration de la formation étape par étape

Pris par d’autres priorités, parfois vitales, le corps médical et psychologique méconnait les psychothérapies, laissant ainsi la voie libre à la découverte des formes de soutien psychologiques les plus actuelles et les plus scientifiques. HAP France accompagne l’introduction de la thérapie EMDR à Madagascar.

Jour 1

8H Les participants arrivent et s’installent accueillis par Dr Jean ANDRIAMANANAIVO, dans la salle de l’Espace Dera et à 8h30 Madame La Présidente de la SOMAP,  Pr Adeline, vient faire l’ouverture officielle de la formation avec un discours de remerciements pour HAP France et pour l’équipe présente.

Le Pr adjoint de psychiatrie et collaboratrice du Pr Adeline participera à la première demi-journée de formation après avoir exprimé ses vifs remerciements et son intérêt pour le thème.

Martine Iracane présente la partie psychotraumatologie avec un groupe composé de 22 médecins ou internes et 2 psychologues cliniciens qui vont suivre la formation à la thérapie EMDR, et 12 personnes qui n’assisteront qu’aux 2/3 de la première journée (psychotrauma et exercices de stabilisation)

Le groupe, calme semble un peu sur la réserve (par rapport aux petits groupes habituels en France), mais très à l’écoute et concentré.

En fin de matinée, Jean lit un poème autour d’une vignette clinique de psychotraumatisme traité par l’EMDR, composé en malagasy par lui-même.



Après midi : Arrivée et présentation de la facilitatrice Annie Gasse au groupe

Démarrage sur une série d’exercices de stabilisation émotionnelle, avec apport théorique et exercice /expérimentation pratique dans la foulée en grand groupe (les deux premiers en Coanimation Martine/ Annie, les 3 et 4 Martine, le dernier animé par DR Jean Andriamananaivo) :

  1. Cohérence cardiaque

  2. Lieu sûr

  3. Contenant

  4. Mindfulness

  5. Exercice de connexion à une dimension spirituelle inspirée de la culture malgache, développé par Dr Jean Andriamananaivo où il est question de transcendance et de lien avec les ancêtres..

Nous distribuons des photocopies des exercices ;

Les exercices soulèvent des questions et des commentaires ; ils sont fort appréciés des professionnels. Et la parole commence à se libérer, avec l’expression des ressentis au cours des exercices.

Présentation de l’exercice « connexion à une ressource spirituelle »  animé par Jean.
15 H 30 A la pause, la dizaine de participants qui assistent uniquement à la première partie quittent la séance, avec leur certificat d’une journée.

Le contexte devient plus intime et le lien et la confiance semblent à présent bien installés.

L’introduction à la thérapie EMDR éveille la curiosité malgré la fatigue de la journée

Jour 2 

Depuis la veille après-midi, les interactions et l’ambiance se sont dynamisées et le lien entre tous s’est établi… Comme l’un d’entre eux le précisera « nous, les malgaches, prenons notre temps pour nous sentir en confiance… »

Matin :

La matinée s’avère très interactive avec de nombreuses questions. La formatrice, consciente que les niveaux de langue française peuvent être bien différents au sein du groupe, continue, comme la veille, de sculpter le programme pour qu’il soit mieux adapté à ce groupe en particulier, et multiplie les métaphores éclairantes.

Des éléments culturels et langagiers viennent visiblement rendre encore plus ardue les formules ciselées du protocole.

Lors de la présentation en séance plénière de la construction du plan de ciblage, à partir des cognitions, les participants font part à la formatrice, des difficultés d’harmonisation des questions du protocole à la langue malagasy : Par exemple, le verbe être n’existe pas en malgache… et le « je » est placé en fin de phrase. Une cognition cognitive donne donc « Laid, je »

De même la dimension culturelle (imprégnée de la culture asiatique en cette région de l’Ile plus que la dimension africaine) conduit à moduler les CN et CP avec des « je peux » plutôt que des « je suis »..…notamment la possibilité d’évoquer une formulation positive sur soi (CP) peut paraître présomptueuse sur le registre de l’estime de soi («  je suis quelqu’un de bien » peut être difficile à formuler)

Après midi :

Après une démonstration en grand groupe de la phase de préparation, deux groupes sont définis au sein desquels les trios se composent pour la partie pratique de la formation.

Le travail sur le lieu sûr et l’élaboration du plan de ciblage se fait plus ou moins facilement, selon les niveaux de compréhension de la langue française. Mais la grande majorité des participants s’en sort très bien. Certains jouant, au sein de leur trio, le rôle de « coach » déjà à l’aise avec certains concepts du protocole…

Et l’engagement, l’implication de tous nous frappe…beaucoup d’application et de concentration.

D’autre part, le langage émotionnel est limité à quelques émotions de base et leur expression ne se fait pas spontanément : la pudeur malgache est reconnue de tous.

Aussi plusieurs participants se déclarent intéressés pour constituer un groupe de traduction des formules du protocole, en maillant et respectant la culture malgache. La formatrice souligne l’importance que le protocole –tel qu’il est enseigné en français– soit d’abord bien assimilé par chacun (puisqu’ils parlent tous français) et que seulement dans un second temps, ils s’attachent à le traduire en malagasy pour leurs patients.

Le père du Dr Jean Andriananaivo, écrivain spécialiste des idiomes malgaches, s’est proposé pour traduire les cognitions négatives et positives.

Jour 3

Matin :
Le contenu pédagogique s’intensifie ; la présentation de la phase de désensibilisation soulève
quelques questions et s’illustre à l’appui de nombreux schémas ; il est évident que ce nouvel
apprentissage étonne ceux qui ne disposent que de peu de références à la pratique de la
psychothérapie.
De nombreux mouvements dans le groupe de formation « open » : le jeu des absents,
présents pour différentes contraintes justifiées, donne une tonalité mouvante au groupe au
risque de l’instabilité peu favorable à l’apprentissage …la formatrice est prise dans la double
contrainte de respecter le programme de la journée tout en établissant des résumés avec le
programme de la veille pour les absents de la veille : rappel indispensable pour l’immersion
dans les pratiques de l’après-midi ; la méthode d’enseignement prend définitivement appui
sur l’interaction groupale et chacun fait un bout de rappel pour reconstituer le programme
de la veille …. Ouf le groupe se consolide malgré ses « va et vient ».
Après midi :
Quatre participants, qui nous ont avertis, s’absentent l’après-midi (pour des raisons
d’examen). Ils pourront récupérer le « manque » en J5. Cette session de « rattrapage » sera aussi offerte à ceux qui auront eu besoin d’un peu plus de temps pour intégrer cette nouvelle thérapie et sa rigueur
protocolaire…
Les pratiques témoignent d’une belle intégration de ces premiers pas, avec une fluidité pour
certains qui nous étonne. Presque l’impression que certains ont déjà des bases en EMDR
Pour d’autres, la langue française semble être un obstacle qui freine la lecture et l’intégration..
La crainte exprimée par certains est d’être débordés par des abréactions importantes de leur
patient. Le grand pourcentage de médecins généraliste dans le groupe, (même si leur
formation est étayée par certains aspects de psychopatho ou santé mentale) peut expliquer
que, n’ayant pas une grande pratique de la psychothérapie (en fait l’EMDR pour certains
semble être la seule) ils appréhendent d’utiliser ce modèle thérapeutique..

Jour 4

Matin :

La fatigue se fait sentir mais les rires et la bonne humeur ponctuent les chapitres de la
théorie.

Midi :

Déjeuner offert par les participants : tout le monde se regroupe dans une partie de la
grande salle : sandwiches, gâteaux et fruits, … Le groupe nous offre plusieurs chants
malgaches traditionnels (des comptines d’enfants notamment) … nous sommes honorés et
enchantés par ces manifestations d’amitiés. Nous sommes très touchés par leur convivialité et chaleur.
Le groupe offre au trio des objets d’art malgaches (un collier de pierre semi précieuses, des
sets de tables, un petit sac en vannerie et de magnifiques chapeaux assortis aux couleurs des
vêtements du jour…) Gâtés, nous sommes !
S’ensuit une série de photos …

La photo de groupe, à l’extérieur de la salle de l’espace Dera.

Après midi :
Retour aux pratiques, avec un léger casse-tête : comment recomposer les groupes de manière
efficace, avec les 4 absents ? Mais les nouveaux trios ou binômes se mettent en place.. et le
travail d’intégration de la réévaluation et du scénario du futur se déroule…
A l’issue de ce dernier temps de formation, Martine et Annie délivrent attestation de présence
à tous, validant tous les participants en conseillant un approfondissement avec supervision
complémentaire à l’un d’entre eux.
La remise des attestations enchante chacun !

Nous avons proposé une conclusion centrée sur les encouragements à pratiquer au plus vite,
en rappelant encore les différences entre présentation simple et présentation complexe et le
respect du cadre du niveau 1 (pas de traitement de présentation complexe) ;
La conclusion fut aussi l’occasion de présenter l’objectif des supervisions et les déclinaisons
étape par étape.

L’Evaluation

Elle a été pratiquée oralement : tous les participants se sont dits très satisfaits mais un peu inquiets pour intégrer les 245 pages …Ils ont trouvé que le programme sur ces quelques journées était passionnant mais très lourd. Certains ont exprimé le regret de ne pas disposer de temps suffisant pour réviser le soir du fait de leurs contraintes familiales. De multiples remerciements nous ont été adressés ainsi qu’à l’organisation HAP, sa présidente, son conseil d’administration, les responsables de projets. Les participants disent avoir beaucoup appris et sont heureux de cette découverte.

Jour 5 : Révision et rattrapage…

Une dizaine de participants participent à cette journée supplémentaire de travail : d’une part
ceux qui avaient manqué une demi-journée ou une journée, d’autre part, ceux qui ont encore
besoin de temps pour intégrer les données et enfin… ceux qui ont envie !
Le matin de cette 5ème journée, Martine Iracane réalise une révision de tous les points clés, à partir
des « manques « de certains et des questions des autres. Puis suivent des exercices pratiques bien
ciblés par sous-groupes, assistés de Martine et Annie.
Annie Gasse présente la cartographie des traumas et des ressources
A midi, Jean rejoint l’équipe et Annie la quitte, avec son vol retour dans quelques heures.

Points clés

– Culture malgache : attitude sur la réserve, au départ, avec de la retenue, de la
pudeur.. …. Langage – système de pensée où le « je » est placé en fin de phrase,
émotions limitées dans le langage.. importance de la dimension spirituelle (prière
avant chaque repas, même au restaurant, entre jeunes, en se tenant la main) , de
la présence des « ancêtres » au quotidien dans le langage , dans les coeurs et les
pensées, place égalitaire de la femme … (ex : terre des ancêtres, reines malgaches,
retournement des morts…)
– Le peuple malgache tout en douceur, déteste les conflits … est presque « soumis »
selon Dr Jean Andriananaivo, et c’est pourquoi il y a si peu de révoltes et que tant de corruption existe, au plus haut niveau, sans que personne ne réagisse violemment.
– Madagascar est le 3ème pays le plus pauvre au monde, selon l’OMS, après Haïti et
l’Afghanistan.. C’est un contexte de survie, dans lequel vient s’insérer le travail des
médecins … Le nombre impressionnant d’ONG présentes sur l’île travaille à assurer
essentiellement les besoins fondamentaux de la population (alimentation, santé) et ceux d’éducation.

– Association EMDR Océan Indien : essaimage de l’idée par Martine tout au long de
la formation, impulsion d’un groupe de travail sur la traduction des phrases du
protocole et des cognitions

 Synthèse :  Les ressources humaines 

• Implication du Dr Jean Andriananaivo dans tous les petits détails du quotidien pendant toute la formation.
• Qualités particulières du groupe :

Nous avons perçu de nombreuses interactions groupales et aides réciproques notamment pour les phases de rattrapage des absents.

Haja, ami du Dr Jean Andriananaivo qui a accueilli chez lui l’équipe pédagogique, malgré les travaux dans
son immense « château », et qui a constamment laissé sa porte ouverte : nous avons
usé et abusé peut être ( ?) de son hospitalité, de son wifi, de sa table … Annie et Martine le remercient vivement.
– La présence d’Annie possédant une connaissance des problématiques sociales de
Madagascar, conduite à se rendre à Madagascar pour ses projets associatifs pourra
aussi aménager des temps de supervision dans la mesure de ses disponibilités.
Nous remercions les chefs de projet pour leur souci avisé de notre sécurité in situ et qui ont
pressenti l’importance d’une « personne sûre » pour nous encadrer et nous guider. L’équipe
pédagogique a pu s’appuyer sur sa présence bienveillante et dévouée permanente, pour
résoudre toutes sortes de petits et grands problèmes.

Les difficultés rencontrées

Pour certains la maitrise limitée de la langue française a ralenti le processus d’intégration
La surcharge du programme qui ne pouvait être délivré totalement sur le même mode et sans
faire de coupes franches c’est le style de l’enseignement qui a dû être adapté au niveau des
connaissances en psychologie et de la langue française spécialisée.
Le niveau de connaissances générales en psychologie est faible pour les médecins
Les psychologues présents n’ont eu aucune difficulté de compréhension et disposaient d’un
spectre plus large de références aux courants de la psychothérapie
Donc peu de psychologues : la discipline est jeune. Peu de psychiatres. Des médecins non spécialistes qui ont pu bénéficier d’un enseignement de santé mentale surtout axé sur les théories.

Une préoccupation : le niveau de psychologie et de psychothérapie peu développé laisse
présager de risques de difficultés à l’évocation des tableaux cliniques résultant des traumas
complexes ; mais par ailleurs la qualité d’apprentissage et la finesse psychologique peut
s’avérer largement compensatrice … les supervisions nous permettront d’évaluer le
cheminement.

Les perspectives du futur

• Si tout va bien, et si les chefs de projet sont ok, la 1 ère supervision de 5 h pourrait
avoir lieu en septembre 2015.
En effet, profitant du déplacement sur l’Ile de la réunion où le niveau 2 organisé par l’IFE est
prévu les 21 22 23 septembre 2015, et où le déplacement est déjà pris en charge, la
formatrice pourra effectuer un aller -retour St Denis -Antanananrivo ; les frais de déplacement
seront alors très limités (300€ environ pour le déplacement).
• Nous avons à la fois encouragé les praticiens à mettre à exécution leur projet de
traduction mais en même temps nous leur avons conseillé de prendre le temps de
d’assimiler en français d’abord, le protocole et de commencer leurs premières séances
avec de patients francophones ou tout simplement entre eux ou auprès des amis
d’amis qui parlent français.
• Lors du niveau 2, nous pourrions peut- être envisager une à 2 Journées pour renforcer
le repérage psychopathologique et diagnostique avant d’entrer dans les contenus
stricts du niveau 2 EMDR ?
• La perspective de création d’une association EMDR Océan Indien a du sens : elle
permettrait d’une part une mobilisation de personnes de différentes îles toujours
exposées au risque de l’isolement et d’autre part le respect des spécificités culturelles
des thérapeutes et de leur patientèle, dans cette région du monde.

Conclusion

Une très belle mission ponctuée de belles rencontres dans un pays en souffrance économique
et sociale et en carence de moyens psychothérapeutiques ; la pharmacologie semble le
moyen thérapeutique de prédilection voire presque exclusif pour traiter la souffrance
psychique et les troubles mentaux.
Un pays où le collectif et la famille sont toujours au premier plan des valeurs et des
représentations psychosociales qui guident les comportements ; chez les Malagasy les valeurs
humaines et spirituelles sont précieuses ; elles constituent de belles ressources internes et
externes : le soutien réciproque et la dynamique du groupe de la promotion du niveau 1
constituera sans doute le principal levier de renforcement des apprentissages. La belle
cohésion manifestée à travers les chants polyphoniques offerts en notre hommage en est la
métaphore.
Un lien d’attachement a été créé entre la promotion des participants et HAP France, qui
augure d’une base solide de partenariat pour une poursuite ultérieure des étapes de la
formation.
Une pensée et remerciements adressés au père de Jean, écrivain, qui a donné sa première
leçon de Malagasy à Martine et qui effectue un premier jet de traduction des contenus
pédagogiques du niveau 1 qui transiteront entre les participants.
L’équipe pédagogique et logistique remercie vivement le CA HAP France de lui avoir confié cette responsabilité et cette magnifique opportunité de partage interculturel.

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