Interventions psychologiques pour les traumatismes post-traumatiques chez les agents de la sécurité publique

Interventions psychologiques pour les traumatismes post-traumatiques chez les agents de la sécurité publique

Mis à jour le 6 février 2023

Interventions psychologiques pour les traumatismes post-traumatiques chez les agents de la sécurité publique, un article de Bahji,  A., Di Nota, P. M., Groll, D., Carleton, R. N., & Anderson, G. S., publié dans Systematic Reviews.

Article publié en anglais – accès libre en ligne

Résumé

Contexte

Le personnel de la sécurité publique (PSP) est exposé à des événements potentiellement psychologiquement traumatisants (PPTE) beaucoup plus souvent que le grand public, ce qui augmente le risque de diverses blessures de stress post-traumatique (PTSI). Bien qu’il existe de nombreuses interventions psychologiques fondées sur des données probantes pour le TSPT, l’efficacité de chaque intervention pour les PSP demeure incertaine.

Objectifs

L’étude actuelle a évalué l’efficacité et l’acceptabilité des interventions psychologiques pour le PTSI chez les PSP.

Méthodes

Une revue systématique et une méta-analyse à effets aléatoires ont été réalisées sur l’efficacité et l’acceptabilité des psychothérapies pour les PTSI (c’est-à-dire les symptômes de dépression, d’anxiété, le trouble de stress post-traumatique) chez les PSP. L’examen s’est conformé aux lignes directrices PRISMA et a utilisé les différences moyennes standardisées (d de Cohen), les rapports de taux (RR) et leurs intervalles de confiance à 95 % (IC 95 %) pour mesurer les tailles d’effet regroupées entre les études ; les valeurs d négatives et les valeurs RR inférieures à un indiquent une réduction des symptômes par rapport aux groupes de référence ou de contrôle. En outre, l’hétérogénéité a été quantifiée à l’aide de I2, et le biais de publication a été évalué à l’aide du test d’Egger.

Résultats

Les analyses ont inclus les données de huit essais contrôlés randomisés représentant 402 PSP (79,4 % d’hommes, 35,3 ans). Les interventions psychologiques comprenaient la thérapie d’exposition narrative (n = 1), la thérapie cognitivo-comportementale (n = 2), la psychothérapie éclectique (n = 2), la désensibilisation et le retraitement par mouvements oculaires (n = 1), le conseil de soutien (n = 2) et le débriefing de groupe sur le stress lié aux incidents critiques (n = 1).

Les interventions ont été associées à des réductions statistiquement significatives des symptômes associés au TSPT (d = – 1,23 ; IC 95 % – 1,81, – 0,65 ; 7 études ; I2 = 81 %), à l’anxiété (- 0,76 ; IC 95 % – 1,28, – 0,24 ; 3 études ; I2 = 47 %) et à la dépression (d = – 1,10 ; IC 95 % – 1,62, – 0,58 ; 5 études ; I2 = 64 %). Des améliorations moins importantes mais statistiquement significatives ont été observées lors du suivi pour les symptômes du TSPT (d = – 1,29 [- 2,31, – 0,27]), de l’anxiété (d = – 0,82 [- 1,20, – 0,44]) et de la dépression (d = – 0,46 [- 0,77, – 0,14]). Il n’y avait pas de différences statistiquement significatives dans les taux d’abandon (RR = 1,00 [0,96, 1,05]), ce qui suggère une grande acceptabilité des interventions.

Conclusions

Il existe des preuves préliminaires que les psychothérapies aident à traiter les PTSI chez les PSP ; cependant, le manque d’études de haute qualité sur les PSP indique un besoin de recherches supplémentaires sur le traitement des PTSI chez les PSP.

Introduction

L’exposition à des événements potentiellement traumatisants sur le plan psychologique (PPTE) peut entraîner de nombreux symptômes de santé mentale problématiques associés à divers troubles, y compris, mais sans s’y limiter, le trouble de stress post-traumatique (TSPT). Près de 10 % des Canadiens répondent aux critères du TSPT à un moment donné [1, 2]. Dans la population générale, le TSPT se manifeste généralement chez les personnes âgées de 20 à 30 ans [3]. Les femmes présentent un risque deux fois plus élevé de TSPT [4, 5]. Le TSPT peut entraîner une détresse et des troubles importants [6]. Près de 75 % des patients atteints de TSPT répondent aux critères d’un ou plusieurs troubles psychiatriques comorbides [7, 8]. Les comorbidités du TSPT exacerbent les altérations de la qualité de vie et du fonctionnement et sont associées à un risque accru de tentative de suicide au cours de la vie [4, 7, 9]. Le TSPT coûte à l’économie canadienne environ 50 milliards de dollars par an [10].

Des études épidémiologiques ont indiqué que le risque de développer un TSPT et d’autres traumatismes post-traumatiques (TSPI) est plus élevé dans les populations plus exposées aux PPTE [11,12,13,14,15,16,17]. Par exemple, parmi le personnel militaire et les anciens combattants exposés à la violence liée au combat, la prévalence à vie du TSPT atteint 31 % [18,19,20,21,22,23]. Le personnel de sécurité publique (PSP) est également exposé à la PPTE plus fréquemment que la population générale [24,25,26,27,28,29,30]. Le terme PSP désigne plusieurs professions connexes dont les professionnels se consacrent au maintien de la sécurité et du bien-être du public, comme les agents des services frontaliers, les travailleurs correctionnels, les pompiers, les ambulanciers, les policiers et certains personnels de la sécurité publique (par exemple, les opérateurs de centres d’appels et les opérateurs du 911). L’exposition accrue des PSP au PPTE augmente leur risque de TSPT [25, 26, 31, 32, 33, 34, 35, 36], y compris, mais sans s’y limiter, le TSPT, le trouble dépressif majeur, le trouble anxieux généralisé et le trouble de l’alcoolisme [25, 37]. En outre, les PSP sont jusqu’à quatre fois plus susceptibles d’avoir des comportements suicidaires que la population générale [35]. Les médias ont de plus en plus signalé les risques pour la santé mentale des PSP, notamment en réagissant à la fusillade de Moncton en 2014 [38].

En 2016, le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile de l’Université de Regina a organisé une table ronde nationale sur la santé mentale des PSP. Une enquête pancanadienne subséquente sur les PSP a estimé que 44,5 % d’entre eux avaient obtenu un résultat positif pour au moins un PTSI associé aux PPTE [25, 37]. D’autres facteurs de risque de PTSI chez les PSP semblent inclure une stigmatisation accrue [39, 40], une volonté moindre de recevoir du soutien [33] et des difficultés d’accès aux ressources de santé mentale [39, 40, 41]. Le gouvernement canadien a élargi la portée des programmes de santé mentale adaptés afin de mieux servir tous les PSP [42] ; cependant, il existe des lacunes importantes dans les connaissances concernant les meilleures pratiques de traitement du TSPT chez les PSP. Par exemple, il existe une importante documentation sur les interventions en matière de TSPT [43,44,45,46,47,48,49,50,51], mais les résultats spécifiques aux PSP restent rares.

Il existe très peu de recherches sur l’efficacité des interventions psychologiques pour les PTSI chez les PSP. Les examens publiés précédemment ont exploré des sujets périphériques qui sont pertinents. Par exemple, une méta-analyse récente a trouvé une association positive mais non significative entre différents types de programmes de formation et les capacités d’adaptation parmi les populations PSP [52]. Une deuxième méta-analyse a trouvé des preuves modestes de réductions limitées dans le temps du PTSI suite à la participation à des programmes holistiques qui favorisent la résilience, le stress et la régulation des émotions chez les travailleurs à risque [53]. Une autre revue systématique a étudié l’efficacité du soutien organisationnel par les pairs et des interventions psychologiques axées sur la crise conçues pour atténuer les TSPT chez les travailleurs exposés aux PSP et autres PPTE, produisant des résultats hétérogènes et empêchant une méta-analyse quantitative [54]. Aucune revue ou méta-analyse précédente n’a examiné l’efficacité des interventions psychologiques pour les PTSI chez les PSP. Par conséquent, la présente étude a été conçue pour mener une revue systématique et une méta-analyse de l’efficacité et de l’acceptabilité des psychothérapies pour les PTSI chez les PSP.

En savoir plus 

Références de l’article Interventions psychologiques pour les traumatismes post-traumatiques chez les agents de la sécurité publique :

  • auteurs : Bahji,  A., Di Nota, P. M., Groll, D., Carleton, R. N., & Anderson, G. S.
  • titre en anglais : Psychological interventions for post-traumatic stress injuries  among public safety personnel: a systematic review and meta-analysis
  • publié dans : Syst Rev, 11(1), 255
  • doi : https://doi.org/10.1186/s13643-022-02112-1
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