jeux thérapeutiques pour soigner le stress post-traumatique

Mis à jour le 30 septembre 2022

Un article sur les jeux thérapeutiques pour soigner le stress post-traumatique, de Vincent Glad, publié sur le site d’arte.

La réalité virtuelle peut-elle modifier la mémoire ?

Les jeux vidéo ne sont pas réservés à l’industrie du loisir. Le secteur de la santé s’y intéresse de plus en plus pour développer des jeux thérapeutiques. Vincent Glad a rencontré Robert Overweg, directeur de la stratégie chez Beyond Sports, une start-up hollandaise qui travaille sur une application destinée à soigner le stress post-traumatique grâce à un casque de réalité virtuelle. En rejouant la scène traumatique et en la modifiant légèrement, le jeu thérapeutique permet d’agir positivement sur la mémoire.

Comment un jeu thérapeutique peut-il permettre d’altérer des souvenirs douloureux ?

Si j’agite devant vous un pendule et que je vous parle de votre traumatisme, votre esprit sera occupé par ce mouvement. Vous ne serez pas complètement débarrassé de votre traumatisme, mais petit à petit, avec une bonne thérapie, il peut disparaître de votre esprit. Notre projet Beyond Care, qui est encore en phase de développement, reprend cette logique avec la réalité virtuelle, par exemple avec des casques Oculus Rift.

On reproduit dans la réalité virtuelle un environnement en 3D qui est une réminiscence de celui dans lequel a eu lieu le traumatisme. L’environnement rappelle le traumatisme, mais doit calmer le patient. Pendant ce temps, l’esprit du patient est concentré sur un jeu de construction qu’il doit manipuler avec ses mains, alors que le casque de réalité virtuelle l’isole complètement du monde réel.

Si par exemple, un patient est effrayé de traverser la route car il a eu un jour un accident, nous espérons pouvoir modifier en lui ce souvenir et tenter progressivement de l’effacer.

C’est une découverte dans le monde du football qui vous a amené à vous intéresser aux jeux thérapeutiques…

Nous avons découvert que nous pouvions tromper la mémoire de footballeurs au sujet de gestes ratés. Nous nous sommes alors dit que nous pouvions sans doute agir sur les souvenirs de traumatismes.

Nous avons demandé à des joueurs de foot d’essayer de tirer sur un poteau de but. Nous leur avons ensuite diffusé sur un casque différents replays de leur action, la vraie action, des versions négatives (le ballon arrive plus loin qu’en vrai) et des versions positives (le ballon arrive plus proche qu’en vrai). Ce sont les replays de la réalité et les versions positives qui ont été jugés, à égalité, les plus crédibles.

C’est ce qu’on appelle le biais d’autocomplaisance, une modification du processus cognitif dans le but de maintenir et améliorer l’estime de soi. On se rend ainsi compte que les gens ont une tendance à déformer leurs souvenirs d’une manière positive. Cela peut être très utile pour redonner confiance à un joueur de foot hanté par des erreurs qu’il a commises lors d’un match précédent.

Certaines interventions thérapeutiques bien connues comme l’EMDR (désensibilisation et reprogrammation par mouvement des yeux) ont aussi pour but de modifier la mémoire. Nous nous sommes donc dit qu’il pouvait y avoir une synergie entre ce que nous faisions pour les footballeurs et le monde de la santé.

Lire l’article sur les jeux thérapeutiques pour soigner le stress post-traumatique complet sur le site d’arte

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