«Avant l’EMDR, j’étais sur une jambe. Maintenant, je suis sur les deux et je peux avancer», affirme Martine, 45 ans. Elle raconte ses trop nombreux traumatismes avec une distance étonnante : violée à 9 ans, cette archéologue connaît le suicide de son meilleur ami quand elle est en CM2 et celui de son père lorsqu’elle a 13 ans. Pour guérir des ondes de choc de ces événements, Martine fait appel à celle que l’on présente comme la plus accélérée et efficace des thérapies contre le psycho-trauma : l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing ou désensibilisation, retraitement par les mouvements oculaires, en français).
Découverte en 1987 par la psychologue américaine Francine Shapiro, cette méthode utilise des séries de stimulations bilatérales alternées, consistant en des mouvements oculaires (balayage horizontal ou vertical) ou des tapotements pendant que la personne se remémore son passé traumatique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Inserm en France recommandent la technique pour le traitement du stress post-traumatique, mais l’EMDR étend son champ d’action à d’autres souffrances telles que le stress, la mauvaise estime de soi, les douleurs chroniques, les troubles du comportement alimentaires, les phobies etc.

Une thérapie à part entière

«Certains réduisent l’EMDR à la phase pendant laquelle on demande au patient de bouger les yeux. Mais ce n’est pas le cas, il s’agit d’une thérapie à part entière en huit phases et les mouvements des yeux ne sont qu’un des éléments du protocole», prévient la psychothérapeute Eugénie Zara-Jouillat. Cependant, ce que les spécialistes appellent les «stimulations bilatérales alternées», c’est-à-dire le mouvement des yeux de gauche à droite ou bien les tapotements, sont au cœur de la thérapie. Ils permettraient de reprogrammer un cerveau bloqué sur un traumatisme pour ne faire de ce dernier qu’un mauvais souvenir qui appartient au passé. (…)