
Les bienfaits de la cohérence cardiaque
Un article Les bienfaits de la cohérence cardiaque, d’Ursula Gauthier, publié dans le nouvel observateur
Cet été, on vous propose de (re)lire une sélection d’articles publiés sur le thème de l’EMDR, souvent difficilement accessible en ligne.
Cette technique mise au point aux États-Unis soigne aussi bien l’insuffisance cardiaque que le stress ou les peines de cœur…
« Prenez d’abord deux respirations profondes en faisant durer au maximum l’expiration et avec une pause de quelques secondes avant l’inspiration suivante. Puis concentrez-vous sur votre coeur. Imaginez que vous respirez à travers lui, que l’inspiration apporte de l’oxygène et que l’expiration emporte les toxines. Puis savourez la sensation de chaleur qui se développe dans votre poitrine, nourrissez-la en pensant à un souvenir heureux ou une scène de paix… Voilà, la cohérence est établie.»
Non, ce n’est pas une leçon de yoga ni une séance de zazen — bien que de nombreuses écoles de méditation utilisent ces mêmes techniques. Ce sont des cardiologues de Stanford qui testent la technique de la « cohérence cardiaque » en l’enseignant à un groupe de malades souffrant d’insuffisance cardiaque sévère. Au bout de six semaines de traitement, les résultats sont éloquents : le niveau de stress et de dépression s’est remarquablement amélioré, ainsi que l’état physique. Tandis que l’état général du groupe témoin, traité par des méthodes classiques, s’est détérioré. La même technique enseignée à des milliers de cadres stressés des grandes boîtes britanniques et américaines fait passer la proportion de ceux qui se disent épuisés de 50% à 12%, insomniaques de 34% à 6%, anxieux de 33% à 5%. Au bout d’un mois de pratique, leur tension artérielle a baissé deux fois plus qu’avec un régime sans sel. Une étude suggère qu’une pratique régulière fait doubler le taux de DHEA, la fameuse hormone de jouvence, et baisser d’un quart le taux de cortisol, l’hormone du stress !
On savait que les fakirs faisaient des prodiges en contrôlant leur respiration. Mais comment un cadre de la British Petroleum réussit-il à se protéger contre la dépression, l’anxiété, l’hyper-tension et le vieillissement moyennant quelques expirations prolongées ? La réponse se lit sur un écran d’ordinateur. On glisse un doigt dans une bague connectée à la machine. Un logiciel spécial, mis au point par la HeartMath Institute (1), mesure l’intervalle entre les battements du coeur et les traduit sur l’écran sous la forme d’une courbe. Cet intervalle n’est jamais le même. Cela s’appelle la variabilité cardiaque (à distinguer de l’arythmie) et c’est un phénomène tout à fait normal. Mais cette courbe peut prendre deux aspects : elle peut être chaotique, hérissée d’emballements et de freinages intempestifs. Elle peut aussi être cohérente : elle dessine alors une belle sinusoïde qui fait alterner accélérations et ralentissements avec une grande régularité. Quand on évoque des soucis, une courbe heurtée et erratique s’inscrit sur l’écran ; une colère, la courbe explose. Mais dès qu’on visualise un souvenir agréable, la courbe se met à onduler doucement. La cohérence cardiaque est donc un excellent indice de l’état de stress. Mais elle n’est pas que cela. Elle régule et synchronise d’autres rythmes physiologiques (tension artérielle, respiration), entraînant une grande économie d’énergie pour l’organisme.
Ce sont les cardiologues qui s’en sont aperçus les premiers : le deuil, la dépression, la colère ont des répercussions plus graves que le tabac sur les maladies cardiaques. Le « coeur brisé » n’est pas qu’une métaphore. Puis les neurologues ont découvert que le coeur possède son propre réseau de neurones : c’est un véritable « petit cerveau du coeur » localisé dans le corps, qui influence l’activité du cerveau à travers les fibres nerveuses qu’il renvoie vers la base du crâne ! Le coeur fabrique aussi ses propres hormones, qui agissent directement sur le cerveau : ainsi l’ocytocine, appelée hormone de l’amour, qui est libérée dans le sang quand une mère allaite son enfant, quand un couple se fait la cour, et dans l’orgasme. Ces états émotionnels induisent la cohérence cardiaque qui se répercute rapidement sur le cerveau émotionnel en lui signalant que tout est en ordre physiologiquement. Le cerveau répond en renforçant la cohérence cardiaque. C’est ce qu’on appelle un cercle vertueux. Respirez.
(1) www.heartmath.com.
Lire l’article complet au format pdf : 2003 08 21 Nouvel Observateur