Projet de recherche Hard-Covid-19 – l’EMDR pour améliorer le bien-être psychologique des travailleurs de la santé exposés à la Covid-19

Mis à jour le 3 mai 2021

Comment aider les soignants qui souffrent de symptômes de dépression, de stress ou d’épuisement professionnel à long terme dans les suites de l’exposition à l’épidémie de SARS-CoV-2 ? 
Le projet de recherche Hard-Covid-19 – étude Health cAre woRkers exposeD to COVID-19 (HARD-COVID-19), coordonnée par le Pr Wissam El-Hage, a pour but de réaliser un instantané des conséquences de la prise en charge des patients Covid et de proposer aux soignants en souffrance une thérapie par des psychologues formées à l’EMDR adaptée et gratuite. 
 
Dans un entretien publié par Le Point, le Pr Wissam El-Hage, psychiatre au CHU de Tours, responsable du centre régional de psychotraumatologie de la région Centre-Val de Loire, spécialiste des troubles de stress post-traumatique et de la dépression résistante, s’inquiète de l’impact de la crise sur les soignants : «  Les soignants ont été très exposés lors de la première vague aux incertitudes d’une nouvelle maladie, au stress de réorganiser l’hôpital, à la mort de nombreux patients. Ils ont eu et ont toujours peur de contaminer leurs proches à cause de leur engagement. Censés aider, ils sont transformés en menace pour leurs proches. Lors de la première phase, il y a eu un élan collectif, toutefois leurs ressources, leurs capacités à faire face, leur résilience ont été amoindries. L’été a été court, ce n’étaient pas des vacances comme d’habitude, l’énergie de ressourcement n’a pas été au rendez-vous. La remise en avant de sombres perspectives pour les semaines à venir réactive les premières blessures. Ça fait encore plus mal, nous le savons par expérience. L’ambiance actuelle génère beaucoup d’anxiété. Devant les prévisions d’un dépassement des capacités de réanimation et d’hospitalisation Covid, il y a des raisons d’avoir une peur réelle qui s’ajoute à l’épuisement et aux incertitudes. Peur, incertitude, surmenage forment un cocktail néfaste. »  (lire l’entretien publié dans le Point)

Résumé

Les professionnels de santé hospitaliers ou travaillant en Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD), impliqués dans l’épidémie de coronavirus sont confrontés à plusieurs défis tels que l’exposition directe et l’implication dans la résolution des urgences majeures de santé publique, l’exposition à une contamination potentiellement mortelle, l’épuisement physique, les organisations de travail non ajustées, le nombre inhabituel de décès parmi les patients, les collègues et les proches, et des défis éthiques dans la prise de décision. 
 
Le dépistage de cette détresse est important pour mettre en œuvre des interventions psychothérapeutiques.
Les données préliminaires de la Chine suggèrent que les professionnels de première ligne souffrent de différents types de détresse psychologique. Une étude de la santé mentale de 230 membres du personnel médical de première ligne dans l’éclosion de Covid-19 ont trouvé un prévalence élevée d’anxiété et de trouble de stress (jusqu’à 25%). 
 
Ces données mettent en évidence l’importance de la fourniture d’interventions psychologiques ciblées, telles que EMDR (désensibilisation et intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires), pour améliorer la bien-être psychologique des travailleurs de la santé exposés à Covid-19. 
 
L’EMDR est une thérapie qui, depuis près de 30 ans, a démontré, par le biais d’expérimentations internationales bien menées avec un niveau de preuve élevé comprenant une méta-analyse récente de 2019, son efficacité dans le traitement du trouble de stress post-traumatique et de la dépression. Son utilisation est recommandé par l’autorité nationale française pour la santé (HAS) et l’Organisation mondiale de la santé. En  France, plus de 1 700 thérapeutes la pratiquent. 
 
Le projet de recherche Hard-Covid-19 (pour Health cAre woRkers coviD-19) doit permettre à 3 000 professionnels de santé impliqués dans la lutte contre la Covid-19 d’accéder à un dépistage auto-administré de leur vécu subjectif. Ont-ils été contaminés, ont-ils contaminé des collègues à l’hôpital, des proches hors de l’hôpital, ont-ils été exposés à des dilemmes éthiques, comment vont-ils aujourd’hui, etc. ? L’étude va les suivre pendant 1 an. 
Il va également évaluer, dans un essai contrôlé randomisé, l’efficacité de 12 séances d’EMDR pour améliorer la détresse des participants éligibles (n = 450), dépistés positifs pour des problèmes psychologiques. 
 
Cet essai, effectué au sein d’une cohorte (Trials within Cohort, TWIC), est financé par le ministère des Solidarités et de la Santé.
Cette étude longitudinale a obtenu les autorisations réglementaires et a débuté en octobre 2020. 
Elle permettra de mieux comprendre les changements de prévalence des troubles mentaux chez les professionnels de santé à la suite de cette pandémie 2019 et de leur proposer des soins personnalisés en EMDR.
 

Objectifs 

Les objectifs de l’étude sont les suivants : 
1. / Constituer une cohorte de professionnels de santé exposés à la nouvelle maladie à Coronavirus 2019, à qui l’on propose un dépistage auto-administré de difficultés psychologiques (stress post-traumatique, dépression et épuisement professionnel) accompagné d’un retour et d’une proposition de conseils personnalisés. 
Les participants sont amenés à répondre à des questions tous les trois mois pendant un an. Chacun d’entre eux reçoit des conseils adaptés à son état clinique. Ceux qui présentent des symptômes plus sévères bénéficient d’une prise en charge de leurs soins, à proximité de leur domicile, pendant un an.
 
2. / Réaliser un essai contrôlé randomisé intégré à la cohorte pour évaluer l’efficacité et l’acceptabilité de 12 séances d’une intervention thérapeutique basée sur « EMDR + soins habituels » par rapport aux « soins habituels » seuls chez les personnels de santé identifiés comme ayant des symptômes psychologiques significatifs : dépression, anxiété, burnout…
 
Ce projet est à la fois une étude de cohorte avec la proposition d’un essai randomisé pour évaluer un intervention adaptée aux circonstances exceptionnelles de la crise. En tant que tel, il est conçu comme essai (s) au sein de la Cohort Design (TWIC). 
E
n outre, ce projet est également conçu pour permettre aux professionnels de la santé impliqués dans la lutte contre la lutte contre Covid-19 d’avoir un accès régulier au dépistage auto-administré concernant les symptômes psychologiques les plus fréquents. 
 

Différentes phases de l’étude 

L’étude se déroule en plusieurs phases.
Dans un premier temps, le personnel soignant participant est intégré dans une cohorte. Il devra répondre alors à des questionnaires en ligne portant sur son expérience de la COVID-19 et sur son état psychologique. Il sera également sollicité pour renseigner des évaluations en ligne, comportant notamment une évaluation des symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT), de dépression, et de qualité de vie professionnelle. À l’issue de ces évaluations il recevra une information sur ses scores et leur sens clinique. Si les résultats montrent qu’il peut être à risque de détresse psychologique, il sera invité à partager cette information avec son médecin traitant, ou tout autre professionnel de santé compétent s’il le souhaite. Lui sera également offerte la possibilité de demander d’être recontacté par un professionnel de santé de l’étude pour aborder les points de son choix, et si besoin l’aider à organiser une prise en charge médico-psychologique appropriée.
Le soignant volontaire recevra des questionnaires à remplir tous les 3 mois pendant un an (soit M0, M3, M6, M9 et M12), qui permettront de suivre l’évolution de son état psychologique. La durée totale de l’étude est de 21 mois, dont 9 mois de recrutement. 
 
1re inclusion le 20/11/2020
Pour la cohorte : au moins 3 000
Pour l’essai : 450
Durée de recrutement : 9 mois 
 

Participer à cette étude 

Le Centre d’Investigation Clinique de Tours recherche des volontaires, professionnel(le) de santé qui travaillent dans les services d’urgence ou les unités dédiées aux patients Covid, issus de toutes les catégories de personnels médicaux et paramédicaux ou étudiants en médecine ou de filières paramédicales des CHU, centres hospitaliers, établissements privés, Centres de lutte contre le cancer. 
 
Objectif : Evaluer l’impact psychologique et dépister les symptômes de dépression, de burnout et de stress post-traumatique, dans un échantillon de professionnels de santé qui ont traversé l’urgence de santé publique de la COVID-19.
 
Etude portée par le Centre Régional de Psychotraumatologie-CVL,  financée par le Ministère chargé de la Santé. 
L’étude a reçu l’avis favorable du CPP (SOOM1) en date du 08/09/2020 (N°1-20-046 ID 48680)
 
En savoir plus sur le site du Centre d’Investigation Clinique de Tours  : https://cic-tours.fr/hardcovid19/
en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Ave01ZOYQ20&t=20s
 
En savoir plus sur l’étude étude Health cAre woRkers exposeD to COVID-19 (HARD-COVID-19)
 

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