Soigner son corps comme une plante

Mis à jour le 14 octobre 2022

David Servan-Schreiber – Psychologies Magazine – Janvier 2002

La maladie coronarienne est la première cause de mortalité en France comme dans tous les pays développés, où l’on constate un fort encrassement des artères du cœur – souvent plus de 70 % – à partir de la cinquantaine. Le coût des maladies cardiaques est considérable pour la Sécurité sociale, qui doit faire face à la multiplication des pontages, angioplasties, médicaments et journées de réanimation. Surtout, ces traitements traditionnels ne sont efficaces qu’à court terme, car ils ne s’adressent pas à la cause principale de la maladie : l’oblitération progressive des artères coronaires et le manque d’oxygène du muscle cardiaque (le myocarde).

Aux Etats-Unis, depuis une vingtaine d’années, le docteur Dean Ornish, cardiologue et professeur à l’université de San Francisco, tente de faire reculer la maladie coronarienne grâce à un programme «naturel», qui relève du principe fondamental de la médecine complémentaire : « Apportez au corps ce dont il a besoin et cessez de l’empoisonner et il guérira souvent tout seul. » Pendant douze semaines, il demande à ses patients de s’identifier à une plante fragile qu’il faut réanimer et soigner. Les consignes :

• Arrêter de fumer. Complètement.

• Manger des produits sains et réduire les graisses inutiles.

• Faire de l’exercice physique (une heure trois fois par semaine).

• Améliorer ses relations aux autres, notamment en participant à des groupes de parole.

• Faire du yoga ou de la méditation pour retrouver le calme et la paix intérieure.

Quelques «évidences» qui, appliquées au quotidien, apportent des résultats plus probants que la plus sophistiquée des chirurgies ou des drogues. D’ailleurs, la méthode Ornish a été reconnue officiellement (1). Une étude a montré que sur plus de quatre cents patients «à haut risque», aucun n’a eu d’infarctus, et un seul a dû subir un pontage dans les trois ans qui ont suivi le programme (2). S’il existait un médicament capable de tenir une telle promesse, il n’aurait pas de prix ! Aux Etats-Unis, la Sécurité sociale et une grande mutuelle privée l’ont bien compris : elles mettent en place ce programme et le remboursent intégralement. Mais les médecins et l’industrie chirurgico-pharmaceutique américaine résistent toujours. On le comprend : en 1995, le commerce du pontage cardiaque représentait déjà plus de 22 milliards de dollars…

1- Gould, K.L. et al. (1995) in “Jama”, vol. 274.

2- Silberman, A. (2000) in “Front Health Serv Man”, vol 17.

janvier 2002

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