Thérapie EMDR avec une jeune patiente victime d'un accident de voiture

Thérapie EMDR avec une jeune patiente victime d’un accident de voiture

Mis à jour le 30 septembre 2022

Un article Thérapie EMDR avec une jeune patiente victime d’un accident de voiture, de Marie-Anne Gury, publié dans livre Mieux comprendre la thérapie EMDR : 13 études de cas, ouvrage collectif, sous la direction de Lionel Souche et Nicolas Baltenneck, publié par In press, dans la collection Concept-psy. 

Extraits :

1. Introduction
Orphéa est âgée de 3 ans et demi. Elle a été victime récemment d’un accident de voiture, sans séquelles physiques. Depuis, elle présente des troubles du sommeil et une perte d’intérêt scolaire. La mère d’Orphéa, également victime de cet accident semble psychiquement touchée, mais apparaît comme une ressource sécurisante pour cette enfant. Nous verrons comment une prise en charge EMDR peut s’avérer pertinente en s’appuyant sur des protocoles adaptés à l’enfance, tout en soutenant sa mère. Le protocole développemental et l’étreinte du papillon sont utilisés.
L’EMDR, approche thérapeutique créée aux États-Unis en 1987 par Shapiro a tout d’abord été développée pour les adultes. Elle est désormais reconnue pour son efficacité de traitement (Canceil, Cottraux, Falissard, Flament, Mier-mont, Swendsen, Thurin, 2004). Le protocole développemental adapte les différentes phases en fonction du degré de maturité de l’enfant. Les différents auteurs s’accordent pour dire que l’établissement du lieu sûr est fondamental, ainsi que la présentation et le respect du signal Stop. En amont, l’exploration de l’histoire de l’enfant ainsi que l’environnement familial sont des indicateurs importants pour évaluer le type de traumatisation ainsi que pour construire les modalités du lieu sûr et de la prise en charge, notamment sur la manière de s’appuyer sur le ou les parents.
L’étude du cas d’Orphéa propose un exemple d’une thérapie EMDR avec une enfant de 3 ans et demi, présentant un traumatisme de niveau 1, c’est-à-dire non complexe, principalement accompagnée de sa mère, également touchée par l’accident. Les différentes étapes, de la prise de rendez-vous au dernier entretien, sont détaillées de manière à appréhender la particularité du travail en EMDR avec un jeune enfant.
2. Contexte
La prise de rendez-vous est l’occasion de recueillir les premiers éléments qui pourront guider l’entretien initial. Lorsqu’un parent appelle pour son enfant, il est générale-ment seul et peut ainsi évoquer les choses différemment. Dans un contexte de situation traumatique, interroger les patients sur le type de situation, les différentes victimes et leurs séquelles psychiques et physiques est judicieux. En effet, cela peut éviter au thérapeute de faire face soudaine-ment à une grande intensité traumatique ou à intervenir de manière non pertinente pour connaître l’issue de la situa-tion. Cet entretien téléphonique permet également de préciser le déroulement de la séance afin de permettre à l’enfant et ses parents de l’anticiper.
C’est la mère d’Orphéa, Mme Suresnes, orientée par son médecin généraliste, qui me contacte pour prendre un rendez-vous pour sa fille. D’un abord plutôt calme, sa voix s’agite lorsqu’elle m’expose les raisons de cette consultation : elles ont eu un accident de voiture il y a 2 semaines et elle observe des changements négatifs chez sa fille, âgée de 3 ans et demi. J’interroge sur les différentes personnes présentes dans le véhicule ainsi que sur des séquelles physiques éventuelles. C’était le père d’Orphéa qui conduisait, sa mère était également à l’avant et Orphéa dans son siège auto, derrière le conducteur. Ils ont été percutés par un camion qui a perdu le contrôle sur l’auto-route. Aucune séquelle n’est relevée chez l’enfant ni chez son père. En revanche, la mère se plaint de douleurs à la nuque et dans le dos.
Lorsqu’elle me transmet ces éléments, je suis alertée par l’état d’agitation de cette femme ainsi que par son inquiétude envahissante concernant sa fille. Alors que je l’interpelle sur le fait qu’elle puisse elle aussi bénéficier de soutien, elle me dit « occupez-vous d’abord de ma fille », mouve-ment que j’ai souvent retrouvé dans ce genre de situation. Je fixe un rendez-vous le plus rapidement possible. Le père d’Orphéa ne sera pas disponible, elle viendra donc accompagnée de sa mère. J’explique à Mme Suresnes le déroulé de l’entretien dont la majeure partie se fera en sa présence. J’interrogerai sur l’ évènement, bien sûr, mais également sur l’histoire d’Orphéa. En fin de séance, je passerai un petit moment avec l’enfant. Cela me permettra d’évaluer les modalités de prise en charge d’Orphéa, notamment si la présence de sa mère durant toute la séance est judicieuse et reprendrai enfin avec toutes les deux l’organisation des prochaines séances. Je précise que l’accompagnement par le père sera également nécessaire. J’ajoute que la présence d’un objet réconfortant, tel un doudou, est souhaitée.

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