10 conseils pour les thérapeutes EMDR travaillant sur l’alcoolisme et la toxicomanie

10 conseils pour les thérapeutes EMDR travaillant sur l’alcoolisme et la toxicomanie

Mis à jour le 2 mai 2024

David Franks, praticien EMDR, donne ses dix meilleurs conseils pour les thérapeutes EMDR intervenants dans des structures accueillant des patients hospitalisés pour alcoolisme et toxicomanie. 

David Franks est un conseiller agréé en toxicomanie, un candidat conseiller professionnel agréé, un conseiller certifié au niveau national et formé en EMDR dans l’État du Colorado. Il travaille actuellement comme thérapeute EMDR principal pour le Palmer Lake Recovery Village à Palmer Lake, Colorado. Il effectue environ 20 à 30 séances EMDR par semaine. Franks se spécialise dans les toxicomanies, les traumatismes simples et complexes, les militaires et les premiers intervenants, ainsi que les individus impliqués dans le système de justice pénale, en utilisant l’EMDR. Il travaille dans le domaine du conseil en toxicomanie depuis plus de sept ans et est un ancien combattant invalide à 100 % de la guerre en Irak.

10 conseils pour les thérapeutes EMDR intervenants dans des structures accueillant des patients hospitalisés pour alcoolisme et toxicomanie

1 – Déterminer la pertinence de l’utilisation des phases la thérapie EMDR

Avoir un bon processus d’évaluation est essentiel pour comprendre les besoins des patients. Les patients subissent un sevrage, d’éventuelles convulsions, des problèmes médicaux, des fréquentations en groupe, des séances individuelles et toute une série d’autres choses. Ajouter du travail de traumatologie peut être écrasant et trop difficile pour un patient. Dans le cadre d’un traitement hospitalier, savoir combien de temps un patient va rester dans le programme détermine la feuille de route de l’utilisation de l’EMDR. De plus, pendant le processus d’admission, déterminer s’il faut commencer par le protocole DeTur (ou tout autre protocole spécifique à la dépendance – Feeling state, Cravex, …) ou le protocole EMDR standard peut être un élément valable. Enfin, savoir dire « Pas encore » aux phases de retraitement est crucial. L’utilisation de l’EMDR avec des personnes aux prises avec des addictions s’est avérée très efficace, mais elle peut également déclencher des rechutes en raison de l’intensité des émotions, des sentiments et des sensations corporelles. S’assurer d’avoir une conceptualisation complète d’un cas peut vraiment être bénéfique pour savoir quand dire « pas encore » aux phases de retraitement de l’EMDR.

2 – Créez un lieu sûr

La sécurité et l’honnêteté sont essentielles pour établir des relations lorsque l’on travaille avec un traumatisme dans un établissement de traitement pour patients hospitalisés. Créer une relation en si peu de temps est un véritable défi. Être honnête, authentique est donc essentiel à tout travail de traumatologie. Enfin, sachez que vous ne parviendrez peut-être jamais à créer un lieu sûr ou à établir des relations, et cela n’a rien à voir avec vous !

3 – Ralentir

Compte tenu du temps limité dont disposent les patients dans les centres de traitement hospitaliers (généralement 30 à 35 jours), la tendance est de se dépêcher et de commencer à travailler sur l’identification des cibles et la désensibilisation pour apporter un soulagement. « Ouvrir la boîte de Pandore » en soi peut entraîner et a conduit à des rechutes importantes et à l’incapacité de stabiliser un patient avant de quitter le programme. Alors, ralentissez et comprenez vraiment les besoins des patients.

4 – S’appuyer sur les ressources et normaliser les sentiments et les émotions

Faire de la Phase 2 une priorité fait partie intégrante du processus. Les personnes aux prises avec des dépendances ont beaucoup de mal à s’identifier émotionnellement, à s’intégrer somatiquement et à réguler leurs émotions. Ainsi, compter fortement sur les ressources et explorer les pensées, les sentiments et les expériences somatiques peut et doit être votre priorité numéro un.

5 – Soyez prudent au sujet de la capacité d’un patient à dire « Tout va bien » alors qu’il ne le fait pas

Les personnes ayant des problèmes liés à l’alcool et aux drogues peuvent être très efficaces pour obtenir ce dont elles ont besoin et amener les gens à faire ce qu’ils veulent. Les sentiments, les pensées et les émotions sont inconfortables pour tout le monde, en particulier pour les personnes aux prises avec une dépendance. Faites donc attention à la capacité du patient à dire : « Tout va bien » alors que ce n’est pas le cas, parce qu’il ne veut pas ressentir de culpabilité ou de honte.

6 – Soyez conscient que vous allez transmettre vos convictions au patient

De nombreux thérapeutes qui travaillent dans le domaine des toxicomanies ont soit été eux-mêmes toxicomanes, soit ont connu quelqu’un dans leur vie comme étant toxicomane. Les thérapeutes peuvent voir le moyen de guérir les patients, mais les patients ne peuvent pas le voir par eux-mêmes, alors comptez beaucoup sur le processus TAI et enlevez vos pensées et vos sentiments. Soyez attentif à la façon dont vous utilisez les fonctions cognitives, afin de ne pas en abuser. N’utilisez les tissages que lorsque cela est nécessaire.

7 – Travailler avec le deuil et la perte

N’oubliez pas que la consommation de drogues et d’alcool englobe tout dans la vie du patient depuis de nombreux mois et années. Lorsque les drogues et l’alcool ne sont plus un atout ou un mécanisme d’adaptation, il y a un vide béant dans la vie de l’individu, et il a l’impression qu’il manque quelque chose. Utilisez l’EMDR pour traiter le chagrin et la perte de la même manière que vous le feriez avec quelqu’un qui a perdu une personne ou un animal de compagnie.

8 – Soyez compréhensif et prêt à planter uniquement une graine 

En passant seulement peu de temps avec les patients, comprenez que vous ne pourrez peut-être que planter une graine de changement et ne pas la voir grandir. Alors, comprenez qu’une plante ne peut pas être une plante sans graine. Définissez les attentes pour vous et pour votre patient en fonction du patient et de la conceptualisation du cas.

9 – N’oubliez pas que les patients bénéficient d’un soutien supplémentaire en milieu hospitalier

L’un des principaux avantages de la pratique de l’EMDR dans un établissement de traitement pour patients hospitalisés est d’être dans un environnement contrôlé où ils ont des gens à qui parler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et où d’autres ressources comme le personnel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 peuvent les aider à demander de l’aide en cas de besoin, en particulier lorsque ils sont déclenchés ou ont des pensées gênantes. Alors, aidez votre patient à reconnaître ses ressources internes et externes et rassurez-le sur le fait qu’il peut contacter le personnel lorsqu’il se sent déclenché, dérégulé ou en mode fuite, combat ou gel. Les patients hospitalisés sont au meilleur endroit pour obtenir du soutien, et ils ont des pairs et du personnel disponibles.

10 – Préparer les patients au départ du programme et aux références en dehors du programme

Si vous travaillez sur des cibles identifiées et que le patient s’apprête à quitter le programme, sachez qu’il faudra peut-être un certain temps avant que le patient puisse entrer en formation.

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Formation : L’EMDR dans le traitement des addictions

Dossier(s) : EMDR et dépendances / addictions

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