Prévalence et impact de l’état de stress post traumatique chez les patients souffrant de troubles du comportement alimentaire

Mis à jour le 7 janvier 2021

Un thèse Prévalence et impact de l’état de stress post traumatique chez les patients souffrant de troubles du comportement alimentaire, de Victoire Vierling
Article publié en français – Accès libre

Résumé

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont associés à une plus grande prévalence d’événements de vie traumatiques. Toutefois, l’impact qu’ils pourraient avoir sur les caractéristiques cliniques et la sévérité du TCA reste encore méconnu.
L’analyse rétrospective de 130 dossiers cliniques (anorexie mentale : n = 57 ; boulimie : n = 26 ; hyperphagie : n = 18 ; troubles du comportement alimentaire non spécifique : n = 29) réalisée sur 3 sites de consultation durant une période de 6 mois a mis en évidence l’existence d’un état de stress post-traumatique (ESPT) dans 33,8 % des cas.
Nous ne retrouvions pas de différence entre les types de TCA.
Les patients souffrant d’un ESPT comorbide présentaient une durée d’évolution ainsi qu’une intensité des symptômes alimentaires significativement plus élevée.
Les caractéristiques cliniques spécifiques de cette association TCA-ESPT sont un niveau plus élevé d’insécurité, de méfiance interpersonnelle et un plus faible niveau de conscience intéroceptive.
La fréquence et l’influence péjorative de l’ESPT sur le pronostic du TCA renforcent la nécessité d’une évaluation clinique systématique et d’une prise en charge spécifique conjointe.

Extraits

La prévalence d’état de stress post-traumatique (ESPT), quelle que soit
l’origine du traumatisme, a été étudiée depuis quelques années dans les populations
souffrant de TCA. Il est retrouvé dans la littérature internationale des taux très
variables allant de 1,4 % (34) à 41 % (35) dans le cas d’ESPT subsyndromiques
chez les patients atteints de BN. La prévalence moyenne serait de l’ordre de 15 %
(35–37).
Les comorbidités psychiatriques chez les sujets souffrant de TCA et d’ESPT
sont fréquentes. Concernant les TCA, Blinder et ses collaborateurs retrouvent en
effet 97 % de patients présentant au moins un diagnostic psychiatrique associé (38).
Les troubles de l’humeur représentent les comorbidités les plus fréquemment
associées au TCA. Pour Corcos et ses collaborateurs (39), la prévalence de
l’épisode dépressif majeur excède de beaucoup celle retrouvée en population
générale. Ces troubles thymiques peuvent être isolés ou associés à des troubles
anxieux tels que les troubles obsessionnels compulsifs, l’anxiété généralisée, ou le
trouble panique (40). Une comorbidité très élevée entre l’ESPT et le syndrome
dépressif lie fortement ces deux troubles. Certains auteurs appréhendent ainsi le
syndrome dépressif comme une réponse au trauma, au même titre que l’ESPT (41).
Enfin les problématiques addictives sont également partagées par les deux troubles.
Dans le cas des TCA, on retrouve une prévalence plus élevée de conduites
addictives chez les patientes souffrant de BN ou d’AM avec conduite de purge
(38,42), les consommations de drogue, alcool et médicaments psychotropes y étant
fréquemment associées.
Des troubles de personnalité sont retrouvés chez plus de la moitié des patients
souffrant de TCA avec une prédominance du type limite chez les patients
boulimiques (43). Cette surreprésentation du trouble de personnalité limite associée
à une forte prévalence d’antécédents d’événements traumatiques, notamment
sexuels, chez les patients boulimiques, ont incité certains auteurs à faire du trouble
borderline un médiateur entre l’ESPT et les TCA. Le trouble de personnalité limite
partage en effet avec les syndromes psychotraumatiques, des facteurs
étiopathogéniques représentés par les diverses expériences traumatiques de
l’enfance. La personnalité limite présente en outre de nombreuses manifestations
communes à l’ESPT, telles que la dysrégulation émotionnelle, l’impulsivité, la
symptomatologie dépressive, et une grande comorbidité addictive, la rendant
assimilable à une variante de syndrome psychotraumatique pour certains auteurs
(44).
Cependant, cette prédominance du trouble de personnalité limite ne semble
pas pouvoir s’appliquer aux autres types de TCA pour lesquels ce trouble de
personnalité n’apparaît pas majoritaire, alors que la prévalence d’ESPT semble
partagée par tous les types de TCA (43). Cela nous invite donc à envisager
l’existence d’un ou plusieurs autres médiateurs entre ces deux troubles.
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En savoir plus 

Références de l’article Prévalence et impact de l’état de stress post traumatique chez les patients souffrant de troubles du comportement alimentaire :

  • auteurs : Victoire Vierling
  • publié dans : thèse soutenue le 17/10/2014

Dossier EMDR et TCA (publication du dossier en janvier 2021)
Formation Le traitement des troubles alimentaires en EMDR 

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