Protocole CravEX

Mis à jour le 19 décembre 2023

Le Protocole CravEX de Michael Hase – à l’origine appelé « protocole de mémoire de la dépendance » – s’articule autour du retraitement de la mémoire d’addiction qui, idéalement, aboutit à l’extinction de l’envie de fumer.

AD : La mémoire d’addiction est un réseau de mémoire qui se développe spécifiquement pour le patient et qui implique l’envie et la compulsion de consommer ou d’agir. La théorie veut que la mémoire de la dépendance (AD – addition memory)) contienne le souvenir de la perte de contrôle, de l’état de manque ou du souvenir de la consommation d’une drogue spécifique. La mémoire de la dépendance survit aux périodes d’abstinence, ce qui explique pourquoi une rechute peut se produire même après des années de rétablissement. Le patient reprend souvent sa dépendance là où il l’avait laissée. Des indices internes ou externes peuvent déclencher l’AD, entraînant un besoin impérieux de consommer, suivi d’une rechute.

Julie Miller explique que  » ce protocole ne nécessite pas de stabilisation particulière, mais seulement une préparation standard de la phase 2, comme un endroit sûr et calme. Les traumatismes antérieurs ne semblent pas se déclencher ou s’infiltrer dans le processus lors de l’utilisation de ce protocole sur l’AD.  »

Les étapes du protocole CravEX sont similaires au protocole standard, sauf que la cible elle-même est l’AD, et non un « traumatisme ».

Dans cette approche (CravEx), une image du comportement de dépendance est sélectionnée, une cognition négative et positive est identifiée, les émotions, le niveau d’envie (LOU du protocole DeTUR de Popky) et la localisation du corps sont évalués. Des séries de stimulations bilatérales sont ensuite utilisées pour retraiter ces souvenirs spécifiques à la dépendance vers un état plus adaptatif. Les traumatismes ne sont pas les cibles.

Plutôt que d’utiliser une échelle d’unités subjectives de perturbation (SUD) comme dans le protocole standard, ce protocole utilise l’échelle de niveau d’envie (également de 0 à 10, zéro étant l’absence d’envie de consommer/de rechuter et 10 étant la plus intense imaginable).

Le rapport d’envie intense indique que l’AD est activée, et le retraitement doit se poursuivre pour que le patient puisse surmonter cette réaction.

L’objectif est que le niveau de besoin passe à zéro, que la validité de la cognition (VOC) soit de 7 (échelle de 1 à 7) et que le scanner corporel de la phase 6 soit clair, comme dans le protocole standard.

Le retraitement de l’AD permet de réduire les envies de fumer en réponse aux souvenirs qui déclenchent les pulsions.

Son essai contrôlé randomisé de 2009 a montré une réduction de l’état de manque et des taux de rechute chez les patients traités avec ce protocole après six mois.

Feuille de travail  Cravex

Etude sur les effets de l’EMDR dans le traitement de 34 patients souffrant d’une addiction chronique à l’alcool

Cette étude randomisée et contrôlée, de Hase, Schallmayer & Sacc, réalisé en 2008, a examiné les effets de la désensibilisation et du retraitement des mouvements oculaires (EMDR) dans le traitement de la dépendance à l’alcool.

L’EMDR a été appliqué pour retraiter la mémoire de la dépendance (AD) chez des patients souffrant de dépendance chronique. La mémoire de la dépendance comprend des souvenirs du comportement préparatoire, des effets de la drogue (consommation de drogue) et de la perte de contrôle (Wolffgramm, 2002). On sait qu’elle implique des circuits cérébraux étendus, qu’elle alimente une partie du besoin conscient et inconscient, qu’elle modifie la réponse environnementale à un niveau organique et qu’elle modifie les circuits liés aux sentiments de satisfaction, de planification future et d’espoir.
Trente-quatre patients souffrant d’une dépendance chronique à l’alcool ont été répartis au hasard dans l’une des deux conditions de traitement suivantes : traitement habituel (TAU) ou TAU plus deux séances d’EMDR (TAU+EMDR).

L’envie d’alcool a été mesurée par l’échelle de consommation obsessionnelle-compulsive (OCDS) avant, après et un mois après le traitement.

Le groupe TAU+EMDR a montré une réduction significative de l’envie d’alcool après le traitement et 1 mois après le traitement, alors que le groupe TAU ne l’a pas fait.

Les résultats indiquent que l’EMDR pourrait être une approche utile pour le traitement de la mémoire de la dépendance et des symptômes de manque associés.

Le résultat le plus important de l’étude est que le retraitement de l’AD en utilisant un ensemble de procédures EMDR modifiées a été suivi d’une diminution significative de l’envie d’alcool après le traitement et au cours du suivi d’un mois tel que mesuré par l’OCDS. Par rapport à la TAU, les patients qui ont reçu deux sessions d’EMDR en plus de la TAU ont rapporté une diminution significativement plus importante de l’envie d’alcool après la fin du traitement hospitalier ainsi que pendant le suivi d’un mois. Cette constatation se reflète également dans la différence entre les groupes en ce qui concerne les taux de rechute, puisque moins de patients traités par EMDR ont rechuté. Le traitement EMDR a également été associé à une diminution significative des symptômes dépressifs, alors que les patients recevant le TAU n’ont montré aucune amélioration dans ce domaine.

En savoir plus

M’inscrire Vous avez une question ?