Syndrome de Munchausen par procuration et EMDR

Syndrome de Munchausen par procuration et EMDR

Mis à jour le 29 septembre 2022

Eric Binet est intervenu sur le thème Syndrome de Münchausen par procuration et EMDR : aider à la levée d’un paradoxe dissociatif, quand soigner n’est plus traiter lors du congrès EMDR et dissociation.

Le syndrome de Munchausen a été nommé ainsi pour la première fois en 1951 par Ascher. Il correspondait alors à des situations avec des symptômes de quête incessante de traitements médicaux basée sur des symptômes allégués plutôt que réels, généralement avec des personnes qui manipulaient leurs histoires médicales et qui cherchaient donc à attirer une attention médicale.

Le syndrome de Munchausen par Procuration (SMPP) est une forme de maltraitance à enfant impliquant un nomadisme médical associé à des examens ou des traitements (dommageables, superflus). Il y a ainsi un double mécanisme de maltraitance (parents / corps médical). Il existe une littérature scientifique importante sur les critères diagnostics du SMPP, mais très peu d’études sur les parents inducteurs, et encore moins sur le devenir des enfants victimes. La piste des troubles dissociatifs est encore très mal appréciée.

Eric Binet propose quelques principes de bases pour une intervention en EMDR sur le SMPP :

La majorité des cas de SMPP ont été vécus pendant la petite enfance (avant 3 ans). Il n’y a donc pas de souvenirs précis. On a juste accès à la mémoire implicite. Le principe sera donc de se focaliser essentiellement sur le corps. L’objectif sera de rétablir le système de traitement adaptatif de l’information en passant par la mémoire explicite. L’idée est vraiment de partir du présent.

Il faut tenir compte du fait que tout environnement et relation thérapeutique sont par essence insécurisants et menaçants : signal stop important, pas de lieu sûr dans le bureau du thérapeute…. afin d’éviter une interruption prématurée ou le sabotage de la thérapie par le patient qui aurait beaucoup trop peur.

Je propose un travail en EMDR avec une première phase de stabilisation – par exemple avec des exercices d’ancrage -, puis une phase de traitement des mémoires traumatiques de façon indirecte par procuration.

La phase de stabilisation est la plus longue puisqu’elle implique aussi une phase de meilleure régulation émotionnelle (cohérence cardiaque, mentalisation, exercice d’ancrage personnel…) et une sécurité intérieure.

La phase de désensibilisation se fait en trouvant des points d’entrée – à doses homéopathiques – dans les réseaux mnésiques du présent (mémoire explicite). C’est un moyen d’entrer dans le processus thérapeutique de la façon la plus sécure et d’avoir accès à la mémoire implicite de façon détournée par le biais de situation de la même sphère (maladie marquante d’un proche, décès d’une connaissance…).

Le plan de ciblage par procuration va orienter le traitement en ciblant des événements potentiellement traumatiques, mais périphériques à la personne, en respectant la zone optimale d’activation du patient.

Le temps d’intégration après les séance peut être long.

On peut adapter le protocole standard en EMDR, l’épurer, s’adapter à la stabilité de la personne, s’inspirer des protocoles d’urgence EMDR.

> En EMDR, les réseaux mnésiques sont facilement accessibles mais avec des aménagements nécessaires : de façon détournée, avec des déclencheurs du présents. C’est de cette façon que l’on peut arriver à une intégration d’un souffrance somato-psychique jusque là insurmontable et la levée du paradoxe quand, enfant, être soigné était dangereux.

Voir la vidéo de son intervention Syndrome de Münchausen par procuration et EMDR


Eric Binet proposera une journée Intervenir dans les cas de syndrome de Munchausen par procuration (SMPP) avec l’EMDR le 14 mai 2016, à Paris

Parmi les situations traumatiques, les mouvements dissociatifs sur lesquels un praticien EMDR intervient, les traumatismes de l’enfance ou de la petite enfance sont parfois singuliers tant les fondements symptomatiques peuvent être nombreux. Aussi, que l’on soit du côté des auteurs ou des victimes, nul doute que le SMPP figure en bonne place des traumatismes complexes en EMDR. Le passé de violences médicales rend de fait tout suivi thérapeutique potentiellement déstabilisant pour ces personnes. Cette journée sera donc l’occasion de mieux comprendre cette forme de violence intra-familiale dans le cadre de la thérapie EMDR à travers des exemples cliniques. Il y sera avant tout question des caractéristiques du SMPP à la lumière des théories de la dissociation et de l’attachement, comme de la nécessité de créer une alliance thérapeutique bénéficiant de méthodes de traitement inspirée du modèle TAI.


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