Approche EMDR centrée sur les affects (Affect Focused EMDR)

Aujourd’hui encore, l’EMDR est considéré comme un outil très approprié pour traiter des traumatismes ponctuels (simples). Ce point de vue est justifié. Après tout, il n’y a pas de moyen plus efficace pour débarrasser un souvenir de sa charge émotionnelle. Néanmoins, l’efficacité de l’EMDR ne se limite pas au traitement des traumatismes ponctuels avec des souvenirs et des images concrètes. L’EMDR s’avère également utile pour traiter une enfance traumatisante ou des situations parentales dysfonctionnelles afin de guérir les sentiments de détachement et de faible estime de soi : Affect-Focused EMDR.

En psychothérapie, on constate traditionnellement un décalage entre le traumatisme et la pensée systémique. Pour un traumatisme dit DSM (par exemple un accident de voiture), une thérapie du traumatisme telle que l’EMDR est recommandée. En revanche, pour un traumatisme de l’enfance (avec un parent absent, par exemple), la thérapie systémique est toujours envisagée. De très nombreux patients se trouvent dans cette situation.
La thérapie systémique peut aider à regarder de plus près ou à rétablir les liens familiaux. La thérapie systémique peut également aider à mieux comprendre l’origine du problème, mais dans le cas de sentiments de solitude ou d’une mauvaise estime de soi, le bénéfice sera plutôt limité.
Lorsque l’on applique le protocole de base de l’EMDR pour les traumatismes, on a besoin de souvenirs concrets qui peuvent activer toute la charge émotionnelle. C’est précisément la raison pour laquelle l’EMDR est un outil si efficace pour traiter un traumatisme unique. Il s’agit en effet d’un événement ponctuel accompagné d’un souvenir particulièrement concret.
Cependant, la plupart des cas signalés dans notre pratique concernent des traumatismes de l’enfance résultant de situations parentales. Ces problématiques découlent rarement de situations spécifiques avec des souvenirs concrets, mais plutôt d’une atmosphère parentale, d’une situation familiale dangereuse ou d’un parent imprévisible. Ces traumatismes sont beaucoup moins compréhensibles que les traumatismes dits du DSM.
Par conséquent, de nombreux patients se retrouvent à la croisée de la pensée systémique et de l’EMDR : le travail systémique n’atteint pas suffisamment l’émotion, tandis qu’à l’inverse, il n’y a pas assez de souvenirs centraux à trouver pour l’EMDR. Pourtant, nous sommes convaincus que les traumatismes de l’enfance peuvent également être traités efficacement par l’EMDR.

La formation AF-EMDR souligne que l’élément central du modèle TAI réside dans l’organisation des réseaux traumatiques autour des affects. L’objectif thérapeutique porte ainsi sur le traitement de l’affect plutôt que sur le souvenir dit « pathogène ».
En nous appuyant sur les travaux de Francine Shapiro, nous démontrons que la phase 3 du protocole vise effectivement l’activation de l’affect. L’AF-EMDR propose d’élargir les possibilités offertes aux thérapeutes EMDR pour accéder à cet affect.
Si le travail à partir d’un souvenir demeure une approche possible, l’AF-EMDR ouvre de nombreuses autres voies pour activer l’affect. Cette formation complète la formation initiale en EMDR sans rien en retrancher, en ajoutant des outils permettant d’accompagner les patients dans l’exploration et le retraitement des traumatismes relationnels de l’enfance, souvent vécus comme une souffrance insurmontable.