David Servan-Schreiber – Psychologies Magazine – Mai 2010
Au début des années 1980, quand j’étais externe dans un hôpital parisien, je déjeunais souvent avec les internes dans la salle à manger. Entrée, plat, fromage, dessert, café nous étaient servis sur des tables recouvertes de nappes blanches. Les conversations allaient bon train pendant une bonne heure. J’ai continué mes études de médecine au Canada. Là, l’équipe médicale passait au self de l’hôpital, et nous mangions sur un plateau en vingt minutes. Puis je suis allé aux États-Unis, à Stanford. Il n’y avait plus de pause déjeuner. Seulement un sandwich mou, un brownie et une canette de soda offerts par un laboratoire pharmaceutique, que nous mangions pendant une conférence au sujet d’un nouveau médicament. J’ai vite pris le pli et, pendant le reste de mes années américaines, je déjeunais seul, debout, dans l’ascenseur qui m’emmenait de mon laboratoire à la clinique où je voyais les patients.
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